Paris 17e et 16e arrondissements de la place Saint-Ferdinand au Trocadéro.

Cette balade commence pour marquer le cent-dixième anniversaire de la mort de Léon Serpollet en 1907, devant la sculpture de pierre blanche que lui a consacré Jean Boucher située au centre de la place Saint-Ferdinand, entre l’avenue des Ternes et l’avenue de la Grande Armée dans un quartier longtemps dédié à l’automobile.

Petit rappel: le 17 Avril 1891 L.Serpollet obtint un permis de circulation dans Paris à condition de rouler à moins de 16 km/h, tout rapprochement avec le temps présent n’est donc pas fortuit!. La sculpture le représente debout entouré d’admirateurs dans sa voiture à vapeur franco-américaine Gardner-Serpollet  appelée « l’Oeuf de Pâques », avec laquelle il améliora le record de vitesse détenu précédemment par une voiture électrique en réalisant 120 km/h à Nice sur la promenade des Anglais en 1902.

C’est évidemment à pieds que cette balade se poursuit en traversant l’avenue de la Grande Armée puis la rue Pergolèse qui présente quelques voies privées protégées par des grilles. Une fois arrivés Avenue Foch qui fut réalisée entre 1850 et 1870, on descend l’avenue  jusqu’à la station de métro Porte Dauphine pour y admirer les détails de la bouche d’entrée réalisée par Hector Guimard entre 1899-1902.

C’est à la suite d’un concours architectural jugé infructueux en raison de la piètre qualité des rendus de projets que le conseil municipal confia de gré à gré à H.Guimard le dessin des pavillons d’entrée du métro. Pour ce nouveau mobilier urbain ou tout était à inventer Guimard crée une esthétique en s’inspirant du monde végétal .

Cette réalisation minimale utilise la fonte et le verre translucide d’une façon constructive rationnelle y compris dans l’écoulement des eaux de pluie. La charpente métallique portant la verrière du toit s’inspire d’un squelette animal.

On traverse rapidement l’avenue Foch qui sur le plan architectural ne présente pas d’intérêt particulier, pour se diriger place du Chancelier Adenauer à l’angle des rues Spontini et des Belles-Feuilles , face à l’ancien siège de la société sidérurgique Lorraine-Escaut ( J.Démaret R.Busse et J.Zimmermann Arch.1954-1956). Cette réalisation en structure métallique, exemplaire lors de son édification, fut restructurée en 1992.            Sa nouvelle façade « relookée » efface la rigueur de celle d’origine qui était sans prétention décorative .

53 rue des Belles feuilles ( R.Anger, M.Heymann,P.Puccinelli Arch.1962).                         Un contraste singulier avec la ville traditionnelle est crée ici par la recherche formelle autour de l’imbrication des  loggias et par la transition qui en découle entre monde extérieur et espace intérieur des appartements.

Plus haut, arrivée avenue Victor Hugo et angle rues Saint-Didier et des Belles Feuilles: un immeuble de logements et ateliers d’artistes avec à l’origine en rez-de-chaussée un cinéma transformé depuis en commerce (J.Charavel et M.Mélendès Archi.1930).

111 avenue Victor Hugo : « la Cité Argentine ». Dans cet axe déjà important avant 1850,  cette construction de logements bon marché en briques foncées et ossature métallique peinte de couleur claire se distingue dans cette avenue devenue résidentielle majoritairement construite en pierre (H.Sauvage et Ch. Sarazin Archi.1907 ).

Une galerie commerciale se développe de part et d’autre de l’axe d’entrée dans la cour intérieure et sur deux niveaux, elle est surmontée par une verrière assurant l’éclairage zénithal, reprenant une disposition commune aux passages couverts parisiens.

Un fois de plus il faut admirer la capacité d’Henri Sauvage à se dégager du style Art Nouveau pour se renouveler et explorer une large palette de solutions novatrices, de matériaux et de programmes comme en atteste plus de vingt projets réalisés à Paris entre 1903 et 1932 depuis l’immeuble de la rue Damrémont, l’immeuble en gradins de la rue Vavin, la piscine des Amiraux, le magasin n°3 de la Samaritaine, l’immeuble de la rue de Provence pour Majorelle, sans oublier les expérimentations ou structures utopiques comme l’immeuble Metropolis du quai de Passy.

Peu après la place Victor Hugo: 8 rue Mesnil, la caserne de pompiers ( R.Mallet-Stevens Arch.1936). Une de ses dernières réalisations.

59 avenue R. Poincaré : l’Hotel Pauilhac (Ch.Letrosne Arch. 1911) une architecture utilisant des réminiscences néo-gothique et Art Nouveau dont le caractère composite tend à se fondre dans l’environnement des styles divers et variés des constructions réalisées depuis dans cette avenue.

52 avenue R.Poincaré (F .Borel Arch.2006). F.Borel revendiquait en 1997  » injecter de l’imaginaire dans les nouveaux déserts émotionnels que tendent à devenir nos villes contemporaines » , ce bâtiment d’habitations pour un promoteur privé développe dans cette zone résidentielle une recherche plastique faite de volumes fragmentés, développant une grande variété spatiale renforcée par des associations de couleurs et en créant une faille dans l’alignement pour laisser entrevoir la profondeur de l’ilot.

Plus loin à l’angle rue Saint-Didier et 40-42 avenue R.Poincaré (U.Cassan Arch.1961) le contre-exemple stylistique pour cet immeuble de bureaux en pierre qui correspondait dans l’après-guerre aux regroupements nécessaires des différents services d’administrations publiques ou de grandes sociétés.

92 avenue Kléber, à l’angle avec la rue Saint-Didier ( P.Forestier Arch.1953): dans la typologie de l’immeuble d’angle des années 50 avec ses retraits successifs regroupant bureaux et habitations dans les quatre niveaux supérieurs. Le traitement de l’angle en courbe s’oppose à celui des années 60 généralement en angle.

36 rue Greuze (H Guimard Arch.1925-1930) le dernier immeuble construit par Guimard à Paris, il dénote une grande habileté dans le jeu des volumes et le traitement des détails.

La structure porteuse est reportée à l’extérieur et le béton est coulé dans un tube de ferro-ciment chainé à la façade en briques. Ce principe constructif sera développé plus amplement pour une villa construite vers 1930 à Vaucresson développant de façon plus systématique la préfabrication.

Retour aux collages des styles à l’angle de l’avenue G.Mandel et de la rue Greuze.

Presqu’en face, au 27 av.G.Mandel (E.Vaudremer Arch.1898), un immeuble de rapport atypique en pans de bois et en retrait de l’alignement. Son esthétique pittoresque néo-normande, y compris dans ses débordements de toiture datant du premier Art Nouveau, est peut être a relier à l’aspect campagnard assez fréquent dans cette partie du village de Passy au début du XX siècle.

Angle 39 rue Scheffer et rue Louis-David (E.Herscher Arch. 1911). Le traitement ondulé des façades correspond à la seconde période de l’Art Nouveau et fait appel à l’éclectisme de la « Belle Epoque ». Le traitement de l’angle et son couronement avec une charpente se termine en forme d’ombrelle, motif largement utilisé à cette époque. L’originalité réside ici dans la souplesse du traitement de façades avec ses bow-windows et l’utilisation d’une pierre blonde avec des briques roses  .

25 avenue P.Doumer ( R.Anger, M.Heymann,P.Puccinelli Arch.1960). Une architecture qui entretien une relation étroite avec l’art cinétique. La perception qu’en a le piéton évolue avec son cheminement. Les  jeux de volumes avec les imbrications de loggias affirment une forme d’individualité des appartements par rapport à l’ensemble construit, la volumétrie est ici encore plus maitrisée que pour la rue des Belles Feuilles dans le traitement de cet immeuble d’angle.

Avant de gagner l’esplanade du Trocadéro on s’arrêtera devant le n°1 avenue P.Doumer (J.Fidler Arch.1937) modernisme des vitrages courbes mais sans bousculer la  tradition, un bon exemple de réalisation d’immeuble de luxe de l’entre-deux-guerres.

Paris 7eme arrondissement : du quai d’Orsay au dôme des Invalides.

Au milieu du XIX siècle dans la partie du VII arrondissement située entre les Invalides et le Champ-de-Mars, seul le quartier du Gros-Caillou avec les rues de l’Université, Saint-Dominique et de Grenelle, est urbanisé depuis le début du siècle. Ce n’est qu’après les opérations de voirie entreprises de 1850 à 1870 entre les avenues Rapp et Bosquet que furent réalisés de nombreux lotissements permettant la construction entre 1900 et 1930 du paysage que nous pouvons découvrir aujourd’hui dans ce parcours urbain.

En partant de la place de la Résistance proche du pont de l’Alma, le quai d’Orsay se caractérise en apparence par un bâti relativement homogène d’immeubles construits dans leur grande majorité entre 1930 et 1950 avec plusieurs réalisations spécifiques.                                                                                                                         Le n°91 (L.Azéma Archi.1930) à l’angle du quai et de la rue Cognacq-Jay, présente une modénature sculptée de motifs en triangles dont la plastique est en totale opposition avec l’aspect lisse et dépouillé de l’immeuble mitoyen.

Au n° 89 l’immeuble de logements ( M.Roux-Spitz Archi.1932) reprend de façon quasi identique la façade avec son bow-window à trois pans réalisé un an plus tôt au 11 du boulevard Montparnasse. Pour cette réalisation de luxe  le terrain traversant permet d’implanter les pièces de réception coté quai et les chambres coté rue Cognacq-Jay .

Au n° 67 quai d’Orsay et rue Jean Nicot: un immeuble de logements de luxe (A.Lecomte Arch.1935) avec sa rotonde d’angle en porte à faux. Ce dispositif architectural fréquent durant la période haussmannienne fut modernisé dans les années 30 avec un traitement en  vitrages courbes devenu une signature Art Déco. Un toit terrasse offre un panorama vers la Seine.

A l’autre angle de la rue J.Nicot au 65 quai d’Orsay: séquence « régionalisme et tradition » pour l’église américaine de Paris construite en 1929 dans un style néo-gothique anglais

…même si le clocher utilise la structure métallique !. La comparaison de cette église avec celle infiniment plus novatrice construite en 1922 par Perret au Raincy atteste de la permanence de l’arrière-garde durant ces années de modernité Art Déco à Paris.

59 quai d’Orsay, l’ambassade d’Afrique du Sud (J-M Garret G.Lambert J.Thierrart et Centre d’Études l’Oeuf Archi. 1974). Face à la Seine mais aussi avenue R.Schumann les façades sont en verre fumé protégées par des panneaux saillants en fonte d’aluminium moulés, une expression en rupture totale avec l’hôtel particulier mitoyen d’un grand classicisme.

La poursuite de la promenade le long du quai d’Orsay jusqu’au boulevard de La Tour-Maubourg reste riche en juxtapositions variées d’habitations et de bureaux.                      53 quai d’Orsay ( LH Boileau Arch.1913 plus connu pour sa réalisation de l’hôtel Lutétia) L’ornementation en façade de cet immeuble est fortement marquée par la Nature et l’Art Nouveau. Au dessus de l’entrée, une sculpture de Léon Binet représente un nid dans un arbre en fleurs, un motif de décoration pas fréquent à Paris!.

L’immeuble mitoyen du 55 quai d’Orsay présente un décor moins bucolique.                    Cet ancien siège de la Régie Française des tabacs fut construit en 1937 ( R.Boudier Archi.). D’inspiration Art Déco il comporte deux bas-reliefs au dessus des portes d’entrées autour du tabac avec des raccourcis que n’auraient pas renié le musée des Colonies de la Porte Dorée.

Retour par la rue de l’Université et à l’angle avec le n°7 rue Jean Nicot : ce projet mixte associant conservatoire de musique et foyer de personnes âgées (Ch.de Portzamparc Archi.1984), fut en son temps un déclencheur de la commande publique basée sur les concours d’architecture. Une initiative de la Régie Immobilière de la Ville de Paris qui a permis dans les années 70 l’émergence d’une nouvelle génération d’architectes attachés au renouveau du paysage urbain parisien de façon plus radical que précédemment.

Plus loin rue de l’Université, avant d’emprunter le très tranquille passage Landrieu, cet immeuble réalisé dans un esprit rétro années 30 par un promoteur privé est trahi par une pierre de façade pelliculaire trop claire ( Boisseson Dumas Vilmorin Archi.2002).

16 passage Landrieu à l’angle avec la rue Saint-Dominique (O.Vaudou et R.Luthi Archi.1974): un immeuble mixte groupant bureaux et logements à l’ écriture de façade unificatrice pour ces différentes fonctions .

129-131 rue Saint-Dominique: la fontaine de Mars ou du Gros Caillou. Lors de son achèvement en 1806 elle était située dans une zone maraichère entourée de peupliers, depuis 1859 elle est au centre d’une place à arcades . Cette fontaine comme seize autres dans Paris fut élevée à la demande de Napoléon pour fournir l’eau gratuitement aux parisiens.

La fontaine jouxte l’hôtel de Béhague construit en 1867 qui est devenu en 1939                    l’ambassade de Roumanie. Cet hôtel particulier est une interprétation évocatrice du siècle de Louis XV ( H.Destailleur Archi. 1867).

Le quartier de l’Ecole Militaire s’est densifié entre 1850 et 1914 à la suite de la création des avenues Bosquet et Rapp et du boulevard de La Tour-Maubourg comme l’indique en jaune la carte du tracé des nouvelles rues en 1850. Lors de la réalisation de lotissements l’architecte Jules Lavirotte réalisa trois immeubles caractéristiques de l’époque, ceux des 29 avenue Rapp, 3 square Rapp et 12 rue Sédillot.

Le 29 avenue Rapp réalisé en 1901, pour le célèbre céramiste Alexandre Bigot.              Un des exemples d’Art Nouveau à Paris le plus exubérant dans l’utilisation du grès flammé décoratif qui tient lieu de catalogue des produits crées par l’entreprise du Maitre d’Ouvrage. La façade est constituée de briques armées et les pièces de grès flammés sont attachées à ces briques par l’intermédiaire de maillages de fils de fer accrochés aux planchers. L’espace entre les briques armées et les pièces de grès a été rempli de ciment ( système Cottencin). Le pittoresque trouve ici dans l’utilisation de la céramique une large palette d’effets visuels exaltant les aspects de surface.

L’entourage de la porte d’entrée de l’immeuble est sculpté dans la terre à grès et se compose autour du buste de l’épouse d’Alexandre Bigot. La porte proprement dite est en l’analysant de plus près chargée d’un fort érotisme .

Cette richesse décorative des détails se développe de façon étonnante avec des reliefs saillants sur toute la surface de la façade qui touche à la performance.

4 Square Rapp: le bâtiment de la société théosophique (L.Lefranc Archi.1912).                Un programme complexe associant amphithéâtre, bibliothèque et salles de réunions surmonté de logements dans les étages supérieurs. La façade en pierre et brique exprime clairement cette diversité de fonctions avec une certaine étrangeté peut être liée à l’aspect ésotérique de cette société théosophique dont la démarche rejoint certains aspects du bouddhisme et de l’hindouisme.

3 square Rapp (J.Lavirotte Arch.1898) un autre exemple de façade décorée de façon débridée.

6-8 rue du général Camou (J.Ginsberg et P.Vago Archi.1956-1959). Avec ses derniers étages en retraits cet immeuble d’habitations présente un gabarit typique des années 50.

Le long du trottoir, J.Ginsberg a fait appel à Vasarely pour une composition en mosaïque attirant l’attention du piéton et l’obligeant à enregistrer des sensations optiques faisant appel à sa sensibilité.

Autour du Champ-de-Mars, occupé par l’Exposition Universelle de 1900, un autre lotissement fut réalisé à la suite de la cession par l’Etat à la ville en 1881. Il s’agit des bandes de terrains situées de part et d’autre du Champ-de-Mars. C’est le cas notamment des avenues Elisée Reclus, Emile Deschanel et Charles Floquet ouvertes en 1907. Cet aménagement fut financé par le lotissement à la condition de réaliser des constructions de luxe d’une hauteur maximale de 20m avec zone en jardin. Ce lotissement devait à l’origine  former un cadre digne de l’Ecole Militaire sans se démarquer du style Louis XV.

Le résultat final présente beaucoup plus de variété dans le traitement de différentes réalisations situées dans le prolongement de l’avenue Elisée Reclus, notamment cet hôtel particulier qui marque le retour du « grand style » classique pour le couturier Worth au 4 avenue E.Deschanel (R.Sergent Arch. 1909). Ce retour au classicisme français qui correspondait  à la demande de riches aristocrates, est devenu la spécialité de certains architectes comme Louis Sergent, auteur entre autre de l’hôtel de Camondo face au Parc Monceau, il trouve sa source stylistique dans le Petit Trianon de Versailles.

L’ hôtel particulier Worth présente une partie en jardin avec la rotonde coté Champ-de-Mars et avenue Marinoni.

63 avenue de la Bourdonnais, immeuble de logements (J.Dubuisson J-P Jausserand et O.Vaudou Archi. 1958-1960) un appartement par étage. En façade 60 cm séparent les deux baies pour assurer une protection acoustique.

33 rue du Champ-de-Mars ( O.Raquin Arch. 1904), un chef d’oeuvre de l’Art Nouveau dont la façade en pierre développe un traitement végétal tout en courbes avec des sculptures d’arums enveloppant les bow-windows de façon exubérante.

Angle avenue de Tourville et rue Granier, une autre expression années 30 pour ces immeubles avec leur traitement d’angle en arrondis de part et d’autre et aux deux extrémités de la voie.

A l’extrémité de cette rue Granier et à l’angle avec la rue Codet , l’ancien central téléphonique ( J.Debat-Ponsan Archi.1935) a été transformé partiellement en hôtel 5*: le « 5 Codet » s’articulant autour de la cour intérieure initiale.

Cette balade de termine à l’angle de l’avenue de Tourville et du boulevard de La Tour-Maubourg avec d’autres repères décoratifs pour cet immeuble qui comportait à l’origine un hôtel particulier sur les premiers étages et des appartements dans les étages supérieurs ( E.Dutarque Archi.1891). Une autre version de la tendance composite : bossages, bow-windows, cariatides de part et d’autre de la porte d’entrée et fenêtres du deuxième étage en clin d’oeil à l’architecture hispano-mauresque.

 

 

 

Villa Hennebique à Bourg-la-Reine.

A proximité de la station du RER B de Bourg-la-Reine, une construction avec une tour de 40m de haut le long des voies ferrées éveille la curiosité.                                                    Il s’agit de la villa familiale que François Hennebique a réalisé de 1901 à 1903 pour son propre usage. Une oeuvre en forme de manifeste pour l’utilisation du béton armé démontrant les possibilités techniques de ce nouveau matériau encore contesté à l’époque de sa réalisation et devenue une vitrine de promotion pour cet entrepreneur-architecte.

F Hennebique assura la promotion de son « palais familial » dans la revue « Le béton armé » qu’il créa en 1898 pour assoir son autorité sur ses concurrents. « La villa doit abriter la tribu composée de 3 à 4 ménages ayant des enfants. La vie matérielle y sera commune c’est à dire que le rez de chaussée aura de grands salons pour toute la famille, mais l’étage comprendra plusieurs appartements complets où chaque ménage jouira dans l’intimité de son foyer de l’indépendance et de l’isolement ».

Vue le long du 22 avenue Victor Hugo  face au lycée Lakanal de Sceaux.

Les volumes présentent de façon délibérée de nombreux décrochements: saillies des terrasses en encorbellement, différences de niveaux, verrières de grande hauteur pour intégrer au plus près le jardin à tous les niveaux de la construction. La variété de ces points particuliers, parfois exubérants, démontre au tout début du XX siècle l’expérience des systèmes de construction déjà acquise et développée par l’entreprise Hennebique.

Vue du n° 1 avenue du lycée Lakanal et longeant les voies du RER ligne B.

En 1972 la Commission supérieure des Monuments Historiques a inscrit ce bâtiment à son inventaire pour le protéger de défigurations par des extensions inapropriées,

En 1981 la villa est divisée en une vingtaine d’appartements. La restauration entreprise entre 2011 et 2015 a redonnée à cette villa l’éclat de ses parements en béton et la couleur initiale de ses balustrades.

Quant à la tour et son réservoir d’eau pour l’arrosage par gravitation des jardins intégrés aux terrasses et des serres, elle démontre l’élasticité et l’étanchéité de ce nouveau matériau au début du XX siècle.

F. Hennebique a surmonté cette tour de quatre dragons orientés aux quatre coins de la planète pour promouvoir internationalement le savoir-faire de son entreprise.

Une promotion justifiée pour ce visionnaire autodidacte qui armé de son certificat d’études décide de devenir maçon. En 1865, à 23 ans, devenu chef de chantier il s’installe pendant 20 ans comme entrepreneur en Belgique et s’intéresse à l’alliance du fer et du béton comme protection du métal contre le feu. A partir de 1879 il se consacrera à l’exploitation de ses brevets grâce à un bureau d’étude d’une centaine d’ingénieurs et à un réseau d’entreprises liées à sa société par contrats pour les réalisations des ouvrages.

En 1898 il construit le premier pont civil en béton armé à Chatellerault.                                                     En 1900, il réalise comme entrepreneur avec l’architecte E.Arnaud au 1 rue Danton à Paris le premier immeuble néo-haussmannien en béton armé ( une parfaite démonstration de son affirmation  » On peut tout demander au béton armé et il peut tout reproduire »), cet immeuble abritera la centaine d’ingénieurs du bureau d’études de l’empire Hennebique. En 1905 la société Bétons armés Hennebique contrôle environ 20% de la construction mondiale en béton armé.                                                                                                  En 1911, il construit à Rome le pont du Risorgimento, le plus long pont du monde à cette époque.

 

De la République à la Madeleine par les Grands Boulevards

A partir de la place de la République, cette balade commence par suivre les traces de l’enceinte de Charles V à l’emplacement de la Porte du Temple jusqu’à la Porte Saint-Denis.

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Du boulevard Saint-Martin à la porte Saint-Martin

Cette enceinte et ses fossés fut terminée en 1420, elle était implantée sur des remblais provenant des fossés réalisés en périphérie extérieure et percée de portes ( en limite Nord: les portes Saint-Martin et Saint-Denis) constituant les points faibles de cette fortification.

Les entrepreneurs chargés de cette construction reçurent en contrepartie des travaux réalisés, le droit de lotir des terrains préalablement consacrés à la culture puis rattachés à la ville. Lors de la démolition de l’enceinte, vers 1633, ce dispositif de lotissement sera à nouveau développé. En contrepartie des travaux entrepris pour le compte de l’Etat avec des spéculateurs, ces derniers donneront naissance à de nouveaux quartiers à la mode au début du XVIII siècle chez les nobles, les financiers ou les artistes: La Chaussée d’Antin (1720) et le faubourg Poissonnière (vers 1770) .

« Des corps de logis immenses sortent de terre et des quartiers nouveaux ne sont composés que d’hôtels de la plus grande magnificence. Les remparts se hérissent d’édifices qui ont fait reculer les anciennes limites: de jolies maisons s’élèvent vers la Chaussée d’Antin et vers la porte Saint-Antoine que l’on a abattue. Les jardins sont pétrifiés et de hautes maisons ont frappées mon regard dans le même lieu ou l’oeil voyait croitre les légumes ». ( L-S Mercier Le Tableau de Paris 1781-1790).

De la porte Saint-Martin à la Porte Saint-Denis via le quartier du Sentier

Louis XIV s’est plus intéressé à Versailles qu’à Paris, mais entre 1668 et 1705 les remparts de l’enceinte de Charles V furent démolis et les fossés traités comme une promenade plantée d’environ 40 m de large  » Le Nouveau Cours » entre les portes Saint-Antoine et Saint-Honoré. Cette nouvelle chaussée pavée de 20m de large était flanquée de chaque coté de deux contre-allées plantées avec deux rangées d’arbres, cette voie entre la place de la Bastille et la Madeleine constitue les actuels « Grands Boulevards ».

Pour renforcer cette volonté royale, des portes monumentales en forme d’arcs de triomphe vinrent magnifier cet embellissement urbain, la porte Saint Martin construite en 1674 fut dédiée à Louis XIV à l’occasion de la conquête de la Franche-Comté et la porte Saint-Denis fut réalisée en 1672.

A gauche de la rue Cléry : la rue d’Aboukir, la différence de nivellement entre ces deux rues a pour origine l’implantation de la rue d’Aboukir sur l’emplacement des fossés de l’enceinte de Charles V qui étaient alimentés par l’eau de la Seine lors de ses crues. Quant à la rue de Cléry, elle correspond à l’ancien chemin de contrescarpe le long des fossés.

Rue d’Aboukir on ira en direction du métro Sentier . Dans ce quartier ou la topographie des lieux a empêché toute percée haussmannienne , un pôle d’activité lié à la confection demeure dans des passages caractéristiques des XVIII et  XIX siècles. Place du Caire, cet immeuble au n°2 de 1798 donne accès au passage et à la galerie du Caire ( ouverts en 1798) ou les verrières sont en cours de rénovation. La décoration en façade de cet immeuble présente une association très particulière d’éléments d’architecture pseudo néo-gothique à d’autres décorations dont une frise assez naïve « retour d’Egypte »  pour les trois premiers niveaux. Les sculptures sont plus tardives (1828 )

On continue jusqu’à la rue des Petits carreaux et à « lOasis d’Aboukir » ou le paysagiste Patrick Blanc dresse sur ce pignon un hymne à la biodiversité rafraîchissante dans ce quartier . A cet emplacement on observe aisément la différence de nivellements entre les rues d’Aboukir et Cléry qui renvoie au tracé de l’enceinte de Charles V.

En revenant vers le Boulevard de Bonne Nouvelle, le dos à la Porte Saint-Denis, on fait face à « la Butte-aux-Gravois » ou « Mont Orgueil » que gravissent les rues de Cléry, Beauregard et de la Lune.

Ces rues qui convergent en pointe vers la Porte Saint-Denis offrent une vision particulière avec les trois immeubles aux proues très minces sur le relief accidenté des rues de la Lune et Cléry. Le tracé viaire renvoie au lotissement réalisé initialement. La topographie demeure une permanence de l’enceinte de Charles V.

Au croisement des rues Beauregard et de la Lune cet immeuble d’angle très aigu a été construit entre 1650 et 1675 ( photographié par Atget en 1907) .

Cette carte de Paris datée de 1871 permet de visualiser le tracé des voies convergent vers la Porte Saint-Denis. Elle indique aussi les opérations de voirie exécutées dans ce quartier de 1854 à 1871 par des teintes jaunes et rouge.

23 rue de la Lune: ND de Bonne Nouvelle édifiée en 1830. A la base de l’enceinte de Charles V les Parisiens avaient l’habitude de déverser leurs immondices et leurs gravois. Leur accumulation finit par former une butte puis des maisons. Devenue La ville neuve-sur-gravois elle se dota d’une chapelle en 1551, puis d’une église en 1628 démolie après la Révolution elle fut remplacée par l’église actuelle en 1830.

Boulevard de Bonne Nouvelle

30 bd de Bonne Nouvelle le bureau de postes et central téléphonique (J.Bukiet et A.Gutton Arch.1953), classicisme et monumentalité pour cet équipement public.

Boulevard Poissonnière et Faubourg Poissonnière

5 boulevard Poissonnière, le Cinéma Rex (A.Bluysen et J.Eberson Arch.1932 ). Cette salle de cinéma est dans le droit fil de l’exposition internationale des Arts Décoratifs de Paris en 1925. Elle fut la plus grande salle en Europe lors de sa construction et pouvait  recevoir à son origine 3300 spectateurs, depuis le REX fit l’objet de différentes adaptations intérieures en 1974 d’adaptation aux nouvelles conditions d’exploitation.

Ce projet Art Déco aux grandes parois opaques est en rupture avec le contexte du boulevard urbain même s’il est difficile de définir un caractère architectural sur ces boulevards. 

A la différence de quartiers récents aussi très éclectiques on ne peut pas parler ici d’effet « matériauthèque » mais plutôt d’une longue juxtaposition de styles, entre néo-renaissance et Art Déco qui a boulversé la tentative hégémonique haussmannienne. On peut aussi constater que si le long des grands boulevards les apparences de l’ordre avec les alignements ont été préservées, l’envers du décor à l’intérieur des ilots maintien un espace pour le « désordre » au sein de « l’ordre global ».

Le Faubourg Poissonnière s’est développé vers 1770 à la suite de spéculations foncières menées tant par des promoteurs que par des congrégations religieuses qui virent là une opportunité d’augmenter leurs gains en cessant de louer à des maraichers pour céder leurs terrains à des entrepreneurs lotisseurs.

Dans la rue du Faubourg Poissonnière: le central téléphonique et bureau de Poste Bergére-Trudaine, 15 rue du Fbg Poissonnière (F. Le Coeur Archi. 1911). Lors de sa construction la sobriété et la « brutalité »de ce bâtiment ont provoqué un scandale. Coté rue Bergère le central téléphonique est éclairé naturellement par de grandes baies vitrées, en extrémité le long de la rue du Fbg. Poissonnière il se termine par un pignon aveugle surmonté d’une horloge en serrurerie décorative, l’ensemble est surmonté d’une corniche correspondant au toit terrasse. Les bureaux et l’ auvent d’entrée en béton avec briques de verre sont en retrait par rapport à ce pignon.

Ce même bâtiment se termine rue du Conservatoire par un bureau de Poste (1920) par le même architecte et en prolongement du central téléphonique. Au centre la salle d’accueil du public était couverte par une pièce hexagonale en béton translucide grâce à l’utilisation de briques de verre.

Le Faubourg Montmartre ce fut aussi le quartier de remarquables hôtels particuliers souvent disparus ( notamment ceux de C-N Ledoux: hôtel Thellusson rue de Provence, hôtel d’Uzés rue Montmartre, l’hôtel de Mlle Guimard au 9 de la Chaussée d’Antin, le seul qui reste est celui de l’hôtel d’Hadwyll rue Michel-le-Comte ) au profit d’immeubles de la première moitié du XIX siècle. Un des rares conservés est celui du n° 30 : l’hôtel Benoit de Sainte-Paulle, construit pour l’un des principaux spéculateurs du Faubourg Poissonnière qui avait obtenu les terrains cultivés des congrégations de Saint-Lazare et des Filles-Dieu.

L’église Saint-Eugène, face au Conservatoire national d’art dramatique, est un bon exemple de la promotion de l’architecture métallique derrière une façade de pierre et ses trois portails sculptés. Contemporaine des Halles de Baltard, elle fut construite en 20 mois de 1854 à 1855. Cette association façade en pierre et structure métallique dissimulée sera largement développé pour les constructions publiques (Grand Palais, Bibliothèque Nationale par ex).

Pour traduire intérieurement les formes du gothique, l’architecte A.Boileau a utilisé la fonte creuse pour les (très fines) colonnes, les galeries et les tribunes. Le décor peint s’est attaché à créer l’illusion du Moyen Age, l’ensemble demeure très pastiche.

Entre le n°8 rue Richer et le n°5 rue Bleue: la Cité de Trévise fut construite par un promoteur privé en 1840 dans un style néo-renaissance autour d’une place ornée d’une grande fontaine et ouverte à la circulation publique en 1958. La rue de Trévise présente plusieurs immeuble des années 1830 ainsi qu’au n°32 l’hôtel particulier Bony, l’entrepreneur directement associé aux financiers qui réalisèrent ce nouveau quartier.

32 rue Richer: Les Folies Bergères (Morice et Piollenc Arch.1926 pour la façade de ce théâtre ouvert en 1869), une façade qui intègre un bas relief iconique de l’Art Déco due à Maurice Picaud. L’exposition des Arts décoratifs s’était tenue en 1925 sans doute l’une des plus importante qui aura le plus de retentissement et d’influence dans le monde entier. La femme moderne fait son apparition sous les traits de la danseuse russe Lila Nikolska célèbre à Paris dans les années 20.

14 rue Bergère : l’ancien immeuble du Comptoir National d’Escompte (E-J Corroyer Archi.1878) , un exemple de l’architecture fin XIX chargée de sculptures allégoriques de mosaïques et de vitraux pour impressionner la clientèle. Sa mise en scène théâtrale est renforcée par son implantation dans l’axe de la rue Rougemont et visible depuis le boulevard Poissonnière.

Retour sur le Boulevard Poissonnière, au n°24 : un immeuble de bureaux pour une compagnie d’assurances (R.Patouillard-Demoriane et A.Pellechet Archi.1926), une structure métallique habillée de pierre .

Plus loin au n° 23, l’Hotel de Montholon est le seul hôtel particulier construit sur les promenades des boulevards à l’emplacement de l’enceinte encore conservée. Il a été partiellement défiguré par les commerces installés à l’alignement sur le trottoir à l’emplacement des jardins d’origine. ( F. Soufflot Archi. 1785)

Boulevard Montmartre

au n° 3 un immeuble daté de 1844 transformé en hôtel.

n° 12 boulevard Montmartre, le passage Jouffroy créé en 1847.

Si on peut regretter certains aspects désuets des galeries, on admirera néanmoins les cheminements de lumière qui forment des entrelacs de pierre et de métal dans l’ épaisseur du tissu urbain.

Face au passage Jouffroy de l’autre coté du Boulevard, le passage des Panoramas  créé en 1799 .

L’origine des passages couverts remonte au XVIII siècle, leur développement sous le Second Empire peut être considéré comme un prolongement naturel des boutiques le long des Grands boulevards. Ces passages couverts permirent d’accroître la rentabilité des coeur d’îlots et de désenclaver les parcelles traversantes. Aujourd’hui encore ces passages fonctionnent rarement comme des raccourcis entre deux voies, il s’agit plutôt d’impasses qui ont capté l’intérêt des chalands à partir d’un point stratégique situé sur les boulevards déjà saturés de commerces.

Carrefour Richelieu Drouot

L’hotel Drouot angle rue Chauchat et rue Rossini ( Biro et Fernier Archi. 1980) décrit par ses auteurs comme une « réinterprétation surréaliste d’Haussmann »

Plus loin, dans la rue Chauchat ouverte en 1779 et au n°16  Le Temple de la Rédemption. Ce bâtiment fut construit entre 1821 et 1825 par l’architecte Lusson pour le bureau de l’octroi dans un style néo-classique en phase avec les ouvrages de C-N Ledoux. La halle de déchargement destinée au stockage fut concédée en 1841 à l’église Luthérienne pour y établir son deuxième lieu de culte à Paris. C’est dans ce temple que furent célébrées les obsèques d’Haussmann en 1891.

Boulevard des Italiens

Un phallus impudicus à l’angle du boulevard Haussmann et du boulevard des Italiens.

En revenant vers le boulevard des Italiens au n° 3-5 le Passage des Princes avec sa cour intérieure fut ouvert en 1860. Coté boulevard, sa façade lisse (C.Devillers Archi.1994) laisse apparaitre une seconde peau distante d’environ 50cm pour s’affranchir de contraintes contradictoires entre plan et façade.

16-18 Boulevard des Italiens (ilot rue Le Pelletier, boulevard Haussmann et rue Lafitte): l’ancien siège de la BNCI ( J.Marrast et Ch.Letrosne Archi. 1931) dans un style monumental entre Art Déco et tradition. La façade avec ses colonnes est un décor plaqué sur une ossature .

Le 20 boulevard des Italiens est plus connu sous le nom de « Maison dorée » en lien avec les dorures initiales de ses balcons et considéré par certains comme un « chef d’oeuvre » de l’architecture Louis-Philippe (V.Lemaire Archi. 1838) et P.Dufau pour de très importants remaniements 1975.

Avec l’immeuble du Figaro au Rond-Point des Champs Elysées, c’est un des exemples du façadisme qui a sévi de nombreuses années pour éviter les recours d’associations et de riverains, une maladie bien française sujette à des nombreuses dérives. Cet immeuble fut acheté par une banque qui voulait le démolir, empêchée de le faire en raison d’oppositions des voisins la démolition intérieure fut finalement autorisée par le ministre de la Culture de l’époque (M.Druon) sous condition que la façade fut conservée… Sur le retour, coté rue Lafitte, la façade fut allongée suite à l’acquisition du terrain voisin. Pas vraiment le style de P.Dufau dont on peut voir au 21 rue Lafitte un  projet totalement différent.

Dans ce périmètre de la cité financière P.Dufau a construit en 1969  l’ex-siège de la banque Rothschild qui pose le problème de l’insertion d’un bâtiment isolé sur dalle dans un parcellaire existant, l’habillage « décoratif » des murs mitoyens montre bien ici les limites de l’exercice de même que le traitement au niveau des trottoirs qui tient plus de la distanciation ou du fossé propre à certaines administrations publiques.

 

Retour boulevard des Italiens au 17-23: l’immeuble du Credit Lyonnais construit entre 1876 et 1883 par W Bouwens Van des Boijen.

L’avant-corps central sur le boulevard semble avoir été largement inspiré par les couronnements des pavillons Denon et Rohan du Louvre.

Angle boulevard des Italiens rue de la Michodière: la Cité de Hanovre (V.Laloux et Ch.Le Maresquier Arch. 1932). Cet ensemble de bureaux est construit sur la totalité de l’Îlot triangulaire. Au centre une grande coupole éclaire l’ensemble des plateaux implantés le long des façades.

36 boulevard des Italiens, face à la Cité de Hanovre et à l’angle rue Helder: bureaux et initialement hall d’exposition Ford de grande hauteur ( M.Roux-Spitz Arch.1929). Le seul bâtiment de la « série blanche » de M.Roux-Spitz non destiné à l’habitation.

Un emplacement de premier plan pour sa destination d’origine qui était renforcé par un éclairage spectaculaire formant signal nocturne. L’impression de fluidité au rez de chaussée a été récemment modifiée par la création d’un plancher intermédiaire dans le grand volume d’exposition initial.

Boulevard des Capucines

au n°27, l’immeuble de la Samaritaine de luxe désormais reconverti en bureaux. F.Jourdain architecte des Cognacq-Jay pour le magasin du Pont Neuf réalisa cet immeuble entre 1914 et 1917 dans un style Art Nouveau. Une réhabilitation très simplificatrice en terme de détails architecturaux sur les deux premiers niveaux avec en particulier l’abandon de la marquise au dessus de l’entrée.

L’îlot Edouard VII et l’Olympia: un autre exemple du façadisme avec cette restructuration d’îlot entre  les rues Caumartin, Edouard VII et le boulevard des Capucines. Si pour certains architectes « conserver c’est transformer » ( A.Béchu ) l’exemple de Londres et particulièrement du projet One New Change ( J.Nouvel ) dialoguant avec l’emblématique cathédrale Saint Paul, démontre s’il en était encore besoin la frilosité maladive et le conservatisme stérile entretenus à Paris.

« Des peuples peuvent mourir d’avoir trop d’histoire et il convient d’éviter que les enfants ne naissent avec des cheveux gris » F.Nietzsche.

Boulevard de la Madeleine

L’hôtel au 4-8 boulevard de la Madeleine construit sur l’îlot Godot de Mauroy- de Seize (E.Molinié et Ch.Nicod Archi.1928) présente une façade lisse en totale opposition avec le stylede l’ancien siège des Messageries Maritimes au n°10 construit en 1924.

Au n°11 boulevard de la Madeleine, la vitrine des chaussures Bally crée en 1928 par R.Mallet-Stevens et qui fit sensation a été démolie depuis une trentaine d’année. Cette vitrine en saillie de la façade, réalisée en alliage imitant l’argent, était constituée de plaques jointes qui s’assemblaient avec des vis apparentes. Placée à hauteur des yeux elle mettait en scène quelques objets dans cet écrin, à l’opposé de la généralisation du tout vitrage simplificateur .

23 boulevard de la Madeleine: Le magasin Aux Trois Quartiers ( Faure-Dujarric Archi.1932)  sa construction a constituée une rupture avec l’image des grands magasins du boulevard Haussmann, l’écriture était parfaitement moderne. L’habillage en pierre blanche ne laissait voir aucun joint achevant ainsi une parfaite fluidité des formes.

Sa rénovation lourde il y a une vingtaine d’années pour réaliser une opération associant commerces et bureaux a dénaturée la pureté initiale de ce bâtiment à l’écriture moderniste par des détails architecturaux d’une grande banalité .

Mince consolation à cette restauration scandaleuse, on peut encore voir plus loin au 20 rue Duphot la façade métallique du premier magasin Aux Trois Quartiers ( P. et Ch. Friésé Archi.1898) qui ne s’apparente pas à une trahison comme celle du boulevard de la Madeleine.

Allégement des contraintes administratives, meilleure maitrise les recours abusifs, révision des cascades de normes et règlements contradictoires pour continuer à faire vivre la ville, tout un programme dont on attend toujours le commencement.

75010 de Belleville à la place de la République en passant par le canal St Martin

Descendre la colline de Belleville puis longer les rives du canal Saint-Martin, se diriger vers les gares de l’Est et du Nord pour terminer cette balade à proximité de la place de la République permet de découvrir un large panorama de la production architecturale très riche en contrastes, ce qui constitue une des spécificités des quartiers périphériques.

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Sur les hauts de Belleville la rue du Faubourg du Temple est située sur l’un des anciens chemins reliant Paris au village de Belleville dès le XIe siècle pour ses approvisionnements en produits agricoles, notamment la vigne prépondérante sur ce territoire.

De nos jours cette rue demeure une importante zone de chalandise très animée.

105 rue du faubourg du Temple, le « Palais du commerce » (F.Bauguil Arch.1923), ce regroupement d’une cinquantaine de commerces et d’ activités sur trois niveaux est situé dans une zone populaire. La façade présente une esthétique d’un esprit monumental mais l’ensemble répond toujours à sa fonction première de pôle commercial du quartier.

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Une verrière couvre l’ensemble et éclaire jusqu’au niveau du rez-de-chaussée grâce à un puits de lumière central. A l’opposé de la rue, un escalier avec des vitraux permet d’accéder aux différents niveaux. En sous-sol la salle de concert « La Java »est implantée sur la totalité de la parcelle.

Au carrefour  80 rue du faubourg du Temple et 176 rue St Maur ( L. Lambion Archi.1929 ) : un travail de façade sur les plissements et la multiplication des vues biaises pour venir chercher la lumière, la mise en valeur de l’ensemble est renforcée par l’implantation en angle.

36 rue Jacques-Louvel-Tessier (P. Friesé Arch.1908): la sous -station électrique « Temple » destinée à la répartition de l’énergie nécessaire au métro. Cet architecte développa dans Paris une série de 11 sous-stations jusqu’en 1912 selon la même typologie: une structure métallique affirmée incluant de grandes parties vitrées en façade, libérant une grande surface au sol « le hall des machines » et permettant une aération maximale pour dégager la chaleur du matériel électrique. Ecriture classique en partie supérieure avec emploi de briques silico-calcaires.

Après avoir longé l’hôpital St Louis et remonté l’avenue Claude Vellefaux, on arrive place du colonel Fabien au siège du P.C.F.(O.Niemeyer et J.Prouvé Arch.1968-1971).

La forme fortement affirmée de l’immeuble de bureaux implanté en fond de parcelle se déploie avec son mur rideau en courbe. Devant, la couverture de la salle de l’assemblée émerge du sol et forme un signal fort.

Oscar Niemeyer a précisé que la localisation du bloc principal s’expliquait par le souci de cacher le pignon de l’immeuble voisin qui selon lui ne devait pas compter dans l’ambiance architecturale. Les courbes de la façade laissent, entre celui-ci et le bâtiment voisin, l’espace nécessaire aux accès verticaux. Cette même courbe se retrouve dans les couloirs intérieurs sinueux et de façon presque « baroque » dans le hall central.

Le hall-foyer regroupe différents espaces d’expositions et donne accès au grand auditorium placé à ce niveau dont le volume émerge dans le jardin comme un élément essentiel de la composition. Ce même dispositif, bâtiment isolé et émergence du sous-sol semi enterré dans le jardin, a été développé par O.Niemeyer pour la bourse du travail de Bobigny et un projet non réalisé pour le siège de Renault à Boulogne-Billancourt.

Pour donner à ceux qui pénètrent à l’intérieur du foyer l’impression d’une grande ampleur O.Niemeyer a projeté l’escalier extérieur très étroit, ce qui permet par contraste l’effet souhaité lorsqu’on découvre le vaste espace semi-enterré devant l’auditorium.

La visite du niveau de la grande salle est toujours possible. L’aménagement de cet espace  se développe comme un foyer périphérique dont le nivellement varié du sol  détermine plusieurs espaces fonctionnels.

En Janvier 1974 O.Niemeyer dans un entretien paru dans l’Architecture d’Aujourd’hui faisait ce commentaire qui demeure d’une parfaite actualité:« Je suis inquiet de voir comment est difficile la tache de mes confrères du vieux monde. Ce sont des règlements qui s’accumulent jour après jour pendant des années, limitant la force créative; des concepts dépassés de tradition et culture, et une bureaucratie qui s’intéresse a bien des choses, mais pas à la création architecturale ».

On  descend ensuite par la rue Louis Blanc vers le canal Saint-Martin.

Le long du canal, au 179bis quai de Valmy, une façade « vertueuse » revêtue de modules photovoltaïques a pour objectif l’autonomie énergétique du centre d’hébergement d’ Emmaüs de 40 chambres  (E.Saadi Arch.2011).

En continuant la rue Louis Blanc au n°26 :un ancien immeuble de commerce (Ch.de Montarnal Arch.1906). Structure métallique et larges ensembles vitrés dépourvus de tout ornement superflu pour ces anciens ateliers de confections. La reconversion récente en commissariat de police, en particulier le rehaussement du rez de chaussée, a modifié le traitement d’origine tout en transparence .

Lui faisant face mais dans un esprit totalement opposé à la « fonctionnalité constructive »: l’immeuble du conseil des prud’hommes de Paris . La monumentalité de cette nouvelle forteresse est lourdement appuyée par un pan de verre incliné hélas beaucoup moins sophistiqué techniquement que celui de Jean Prouvé pour le siège du PCF (H.Baju Archi. 1990).

Avant d’arriver rue La Fayette, un détour au 228 rue du Fbg.Saint-Martin pour cet ancien immeuble Damoy  construit pour  abriter les dortoirs des employés de cette entreprise alimentaire (F.Hamelet Arch.1932), la façade est animée par un plissé léger avec pointes de diamant.

Avant de revenir vers le canal Saint-Martin, un second détour vers le 231bis rue Lafayette (Ch Thion Arch.1904) et le traitement « pittoresque réglementaire » du dernier étage avec ses dômes façon belvédère. Si l’architecture haussmannienne  s’est développée durant de nombreuses années sur un consensus, l’homogénéité envahissante des constructions a suscité vers la fin du XIX siècle des critiques de plus en plus vives envers la physionomie générale notamment par Viollet-le-Duc et Charles Garnier.

Le pittoresque architectural devient le nouveau code et provoque de fait une forme d’implosion des règlements urbains, ainsi le nouveau règlement de 1902 autorisera la construction de saillies importantes sur la rue ( bow-windows en particulier) et une grande tolérance dans le traitement dit « pittoresque » des parties supérieures en modifiant les règles de gabarit « afin de permettre les effets les plus inattendus et les plus mouvementés » dont profiteront les appartements situés aux derniers étages, devenus de luxe avec le développement des ascenseurs .

Retour vers le canal St Martin,

Réalisé en 1825 et reliant le port de l’Arsenal au bassin de la Villette mis en eau en 1808,le canal St Martin a rapidement regroupé de 1835 jusqu’en 1860 des entreprises industrielles implantées précédemment dans les quartiers centraux et qui avaient crées des risques industriels majeurs à proximité des quartiers d’habitations. Ces nouvelles implantations le long de cette voie d’eau et à proximité des gares du Nord et de l’Est permettaient des synergies entre les approvisionnements des matières premières et les enlèvements des produits manufacturés en particulier la mécanique industrielle, la métallurgie lourde et les industries chimiques. Jusque vers 1920 ces activités industrielles côtoyaient sur les rives du canal les lavoirs et les pécheurs comme en témoignent de nombreuses photos.

Au 174-178 du quai de Jemmapes, la cité artisanale Clémentel (R.Bouhier et F.Saulnier Arch. 1933).  A l’époque de sa construction les quais du canal étaient très actifs et la cité accueillait environ 2.000 artisans dans une sorte de phalanstère regroupant 430 ateliers avec des services partagés ( bibliothèque, infirmerie, salle d’exposition, banque). Un léger encorbellement limite l’effet monolithique de cet important bâtiment qui servi de modèle aux hôtels industriels.

La ZAC Jemmapes s’étend sur un vaste périmètre entre le 5-11 place du colonel Fabien et le 61 rue de la Grange aux Belles (P.Chaussade,Ch.Labro R.Locre et JJ Orzoni Arch.1975-1983). Une lourde opération de rénovation urbaine de 1.000 logements avec différents équipements publics de quartier qui part de la place du colonel Fabien pour rejoindre le canal St Martin, une rupture dans l’échelle du tissu parisien que les terrasses successives en décalé face au canal n’arrivent pas à atténuer.

Dans le passage Delessert situé perpendiculairement au canal Saint-Martin, un ensemble de logements sociaux offre à chaque appartement une loggia individuelle revêtue d’un habillage en bois. Au centre de la parcelle, un gymnase semi-enterré avec salles de sports est revêtu coté rue par une fine résille métallique ( V.Parreira Archi.2016).

132 quai de Jemmapes: cette ancienne usine électrique de la Compagnie Parisienne de l’Air Comprimé est un des joyaux du patrimoine industriel parisien ( P.Friesé Arch.1895-1898). Elle a été implantée le long du canal afin de recevoir le charbon nécessaire à la production et lui permettre d’être alimentée en eau pour le  fonctionnement des machines à vapeur. Après 1860 les usines participent à l’émergence d’une architecture purement industrielle qui se perfectionne avec la progression de la maîtrise de l’ingénierie du fer, de la fonte et du verre.

Plus de 300 ouvriers travaillaient dans ce qui était considéré lors de sa réalisation comme la plus moderne usine d’électricité de France.  Le bâtiment de l’administration est implanté le long du quai, le bâtiment de production est situé à l’arrière  perpendiculairement au quai. L’exiguïté du terrain a obligé l’architecte a imaginer des dispositifs pour superposer des fonctions tout en limitant l’impact visuel. Ici les structures métalliques avec poutrelles sont apparentes et enchâssent de grands pans vitrés avec remplissages en briques. Après 1914 l’avancement des technique de production et sa situation très centrale signèrent le déclin de cette usine. L’actuel bâtiment a perdu sa dizaine de cheminées puis l’usine fut transformée en dépôt de presse puis en atelier de meubles pour devenir la propriété d’un papetier.

126 quai de Jemmapes-angle rue de l’hôpital Saint-Louis: foyer pour personnes âgées et école maternelle (M.Duplay Arch.1986) aux façades plissées récurrentes, un style daté et heureusement inimité.

116 quai de Jemmapes : un ensemble immobilier regroupant des équipements publics de quartier ( gymnases, salle de spectacles ) surmontés des six niveaux de logements. Le raccordement avec le bâtiment de droite en briques, une école du XIXe siècle, est un excellent exemple d’intégration grâce à une continuité respectueuse des matériaux et des volumes. (A.Grumbach Archi.1986).

A partir du Jardin Villemin, aménagé sur l’emplacement de l’ancien hôpital militaire Villemin construit en 1870 dans les murs du couvent des Récollets, on peut aller à la découverte de plusieurs réalisations très différentes les unes des autres .

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Tout d’abord à proximité du Jardin Villemin, au 35 rue L.Sampaix, un immeuble de bureaux (L.Schneider Archi. 1934), une expression monumentale y compris au rez-de-chaussée dans le traitement de la façade en rupture avec l’environnement immédiat.

Un peu plus loin le n°18 passage des Récollets est l’oeuvre de L.Bonnier (Archi.1909), un ardent défenseur du pittoresque, « l’adaptation sincère à des besoins successifs », par opposition à la ville haussmannienne. Ce projet au demeurant économique par l’utilisation de la brique n’est pas dépourvu d’originalité dans le traitement des étages supérieurs et semble en avoir inspiré plus d’un pour le traitement des parties hautes.

Plus loin, Le Jardin de la Cour de la Ferme St Lazare est dû à la présence au début du Moyen Age d’une ferme transformée en léproserie. Cette propriété devint sous la Terreur une prison. En 1830 les aménagements donnèrent naissance à l’hôpital Saint-Lazare dont il ne reste aujourd’hui que la chapelle et l’infirmerie construit par L.P Baltard ( le père de V. Baltard l’architecte des Halles de Paris) en 1834 dans un style néo-classique et en phase avec les théories hygiénistes de la première moitié du XIXéme siècle .

La médiathèque F.Sagan a été implantée dans cette infirmerie après d’importants travaux de réhabilitation et autour d’un jardin d’inspiration méditerranéenne (Bigoni et Mortemard Arch.2015). La spécificité de cette médiathèque est le riche fond patrimonial de livres pour enfants du XVIéme siècle à nos jours (Les heures heureuses).

Non loin de là, au n° 18 rue de Paradis ( G.Jacottin et E.Brunnarius Arch.1888-1889), la façade ornée de céramiques constitua le catalogue exhaustif de la faïencerie Boulanger à Choisy-le-Roi  en activité de 1804 à 1936, celle-ci est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. A l’intérieur subsiste le vestibule, la cour et la salle de réception de la clientèle. Ce batiment après avoir hébergé le musée de l’Affiche et de la Publicité a été transformé en salles de réceptions.

Après avoir remonté le boulevard de Magenta, à proximité de l’église de St Vincent de Paul: au n°14 rue d’Abeville un immeuble de rapport (A & E. Autant Archi.1901).

Cette réalisation est contemporaine de l’immeuble du 29 avenue Rapp commandé pour  le céramiste P.Bigot, néanmoins elle est moins extravagante dans sa décoration. Pour l’immeuble de la rue d’Abeville le traitement végétal stylisé réalisé par P.Bigot autour du bow-window demeure remarquable ainsi que la composition polychrome de la façade: utilisation de la pierre au rez de chaussée, de la brique dans les étages et grès flammé vert. Les garde-corps métalliques sont traités à partir de motifs végétaux façon Art Nouveau.

Dans la même rue au n° 16 et à l’angle avec la rue de Belzunce ( G.Massa Archi.1897) un remarquable décor de cariatides très libérées à la façon « belle époque » vient orner les  bow-windows sur angle et sur rue.

En remontant la rue Lafayette jusqu’à  la pointe avec la rue de l’Aqueduc, au n° 5 une expérience novatrice d’immeuble de rapport à structure métallique sur 7 niveaux d’un esprit totalement différent des précédentes constructions (A.Lefevre Archi.1878).

Cet immeuble est réalisé selon le principe d’une structure métallique industrielle avec des parties apparentes en fonte et en fer s’emboîtant verticalement et horizontalement. Les balcons saillants sont eux aussi réalisés en tôle. Le remplissage n’est pas en brique mais en pierre. Les menuiseries sont en bois encadrées par de fines colonnettes de fonte.

Retour en longeant les voies de la Gare de l’Est au square Villemin. Face à celui-ci, de l’autre coté du canal, le 112 Quai de Jemmapes: un immeuble de rapport (G.Pradelle Arch.1908), briques et bow-windows avec une décoration de céramiques, la finesse des éléments y compris les couronnements des deux derniers niveaux lui confèrent une certaine élégance pas si fréquente le long du canal.

Sur le quai rive droite du canal se succèdent différentes constructions comme celui de l’Hotel du Nord dont la reconstitution bâclée ne suscite pas d’intérêt particulier, il n’est pas interdit de s’interroger sur cette culture de la nostalgie. L’attention pourra se porter sur des plaquages face au canal comme pour cet immeuble de faible épaisseur.

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Le long du canal à l’angle avec le 2-4 rue Alibert (J.Rey Arch.1932), un immeuble mixte permettant des activités industrielles et commerciales en rez-de-chaussée avec entrepôts en sous-sol et logements sur 7 niveaux avec cour intérieure. Structure béton remplissage briques et finition en enduit de gravillons lavés.

En face, une implantation liée directement à l’activité passée du canal Saint-Martin: l’ensemble des entrepôts du bâtiment des douanes construits vers 1850.

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La dernière extension des entrepôts des Douanes est située 11 rue L.Jouhaux (M.Dastugue Arch.1957). Une monumentalité toute en raideur, façon années 50, pour ce bâtiment de l’administration le long de la rue qui forme écran à la cour centrale des déchargements.

Après avoir longé sur le coté Nord la Place de la République, on aboutit au terme de cette balade à la pointe Sud du Xéme arrondissement au n°40 rue René Boulanger. L’ actuel hôtel Renaissance est la reconversion d’un précédent immeuble de bureaux ( A.Biro et J-J Fernier Archi.1969), la façade de ce bâtiment de neuf niveaux sur rue est un des rares exemple parisien remarquable en panneaux de fonte d’aluminium moulée. A l’intérieur de la parcelle cet hôtel se poursuit avec une aile sur quatre niveaux perpendiculaire au bâtiment principal. En rez de chaussée, le bar et le restaurant se prolongent à la belle saison avec des espaces extérieurs pour la restauration ou les réceptions.

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Balade architecturale dans le 18e autour de Montmartre.

Cette balade développe la grande variété des immeubles d’habitation parisiens autour de la colline de Montmartre. Dans les différents quartiers traversés le promeneur peut découvrir un large variété d’architectures et de détails décoratifs que de simples photos ne peuvent pas décrire dans toute leurs richesses.

Ce parcours propose des suggestions de visites, à chacun(e) d’ établir selon ses affinités son parcours idéal dans ces quartiers du tourisme devenu mondialisé. Cette situation amène à délaisser sur la colline de Montmartre les tracés balisés si convenus autour du décor trop bien léché de la Place du Tertre ou de la verrue néo-byzantine du Sacré-coeur pour rechercher en périphérie des espaces urbains aux topographies spécifiques que leurs habitants ont su rendre attachants et vivants .

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En partant du métro Barbès-Rochechouart et après avoir pris la rue de Clignancourt à l’angle avec les rues Myrha et Poulet, ce bâtiment des années 50 (architecte inconnu) d’une grande transparence, était à l’origine une imprimerie; il est devenu temporairement un lieu de restauration rapide.

En remontant la rue de Clignancourt, au n° 22-24 face à la rue Del Sarte, ce bâtiment autrefois connu sous le nom de Palais de la Nouveauté, est maintenant transformé en bureaux (G.Rives Arch.1895, sculptures de Falguière et de Dalou pour le tympan). Une vision monumentale et extravagante destinée à attirer la clientèle ce ce grand magasin.

La rue Muller qui se dirige vers le point haut de la Butte Montmartre permet de rejoindre la rue Lamark contournant au Nord et à l’Est la butte. Au n°16 : la crèche israélite de Montmartre (G.Debré Archi.1928), plan libre et poteaux en retrait du nu de la façade et des menuiseries métalliques, revêtement façade en béton de gravillons.

En descendant la rue Lamark en direction du métro Jules Joffrin, des échappées visuelles sans fin sur la droite s’offrent au regard. Les successions d’escaliers s’adaptent au plus près de la morphologie si particulière du quartier.  A l’angle des rues Eugène Sue et F.Flocon un HBM (H.Sauvage et Ch.Sarazin Archi. 1912). Dans cet immeuble de rapport le dernier étage est traité à l’angle avec une recherche de pittoresque venant adoucir les étages courants traités avec plus d’économie de moyens.

A partir de ce point, deux possibilités:

  •  contourner la Butte Montmartre par le coté Nord
  •  continuer tout droit en direction de la Porte de Clignancourt puis aller vers le métro Marcadet-Poissonniers. On retiendra la première possibilité, l’alternative sera traitée à la fin de cette balade.

En empruntant la rue Marcadet, un premier bâtiment HBM à l’angle 2-4 rue Duc (L.Besnard Arch.1922-1925) la structure en béton peinte est clairement mise en valeur par opposition au remplissage en briques. Les détails de construction mettent en valeur une décoration faite de cabochons en céramique bleue dans les étages bas alors que le dernier étage sous la corniche de couronnement de béton est revêtu de briques polychromes. Au dessus, la toiture mansardée semble s’effacer pour annoncer l’arrivée prochaine des toits terrasses de l’Esprit Nouveau.

Plus loin sur la droite rue de Trétaigne au n° 7 un autre immeuble HBM « hygiénique à bon marché » des architectes H.Sauvage et Ch.Sarazin ( 1904). Il s’agit du premier immeuble réalisé pour la Société des logements hygiéniques, fondée en 1903 dont Henri Sauvage et Charles Sarazin vont devenir les architectes quasi-exclusifs. A l’origine de cette création une analyse entamée par des philanthropes depuis les années 1870, le développement des thèses hygiénistes et le constat qu’un logement décent est le préalable incontournable à l’insertion sociale des classes laborieuses.

Cet immeuble de 29 logements a répondu à un programme ambitieux qui ne s’est pas limité à réaliser des logements mais aussi à permettre de s’instruire (université populaire, bibliothèque), de se nourrir correctement (coopérative alimentaire, restaurant hygiénique) et à développer l’hygiène ( bains douches, solarium en terrasse).

Le schéma constructif est le même que celui à l’angle de la rue Duc mais avec 20 ans d’avance, l’immeuble est dépouillé de tout ornement et sculpture fut-elle Art Nouveau. Initialement il avait été envisagé de réaliser le remplissage de la façade en briques de verre,  ce principe fut abandonné au profit des briques. Les combles mansardés du dernier étage sont des ajouts par rapport au solarium en terrasse.

Plus loin au 114 rue Marcadet et 21 rue Duc, le central téléphonique Ornano (G.Labro Archi. 1932) : appareillage des briques pour le niveau bas et ferronneries décoratives Art Déco, pilastres en briques de parement dont la verticalité est reprise en extrémité pour l’escalier de desserte des plateaux techniques.

Face à celui-ci au 127-129 : « entre-aperçu » au travers des piliers du rez de chaussée, on peut rejoindre La Maison Verte ( maison de quartier ouverte à tous)

En fond d’îlot devant un vaste espace libre intérieur, le temple de la Mission Populaire Evangélique, membre de la Fédération Protestante de France. Voute en béton mince et remplissage briques et menuiseries métalliques.

161 rue Marcadet et rue des Cottages une résidence de forte densité à l’architecture « proliférante » forme des redents successifs par rapport à l’alignement sans résultat cinétique très probant ( R.Sarger et A.Frischlander Archi.1973). Un effet de balancier par rapport à une architecture des années 60 jugée alors trop « élémentaire » et dénuée d’expression singulière, qui suscitera à son tour de nouveaux courants .

Au 256 rue Marcadet une réalisation de « logements salubres à bon marché » pour la fondation Rothschild ( H.Povensal Arch.1913-1919).

La rue Damrémont permet de rejoindre la rue Ordener.  Au n°187  la cité monumentale pour artistes « Montmartre aux artistes » (H.Résal et A.Thiers Archi.1930-1932), fut construite autour de trois bâtiments parallèles orientés Nord-Ouest / Sud-Ouest. Celui sur rue est revêtu de briques alors qu’à l’intérieur de la parcelle les façades sont traitées en enduit ciment peint en blanc. Les appartements-ateliers sont en double hauteur éclairés par de grandes baies vitrées métalliques.

La desserte verticale est assurée pour chaque immeuble par deux cages d’escaliers desservant des coursives extérieures situées à l’arrière.

Le hall d’entrée avec ses trois arches est traité de façon monumentale .

Rue Championnet puis rue Joseph de Maistre, au n°76, la crèche Joseph de Maistre (extension :RH+Architecture 2006) borde le square Carpeaux.

74 rue Joseph de Maistre, un immeuble artisanal construit vers 1900 ( architecte inconnu) structure apparente et remplissages par des panneaux façades menuisés, lumière naturelle et minimalisme de l’enveloppe, ses qualités intrinséques lui permettent encore aujourd’hui de répondre aux besoins de la cité artisanale.

Collège Coysevox 16 rue Coysevox, une opposition affirmée clairement entre bâtiment d’origine et sa surélévation (P.L Faloci Archi. 1989).

A l’angle 8-10 rue Carpeau et 136-138 rue Lamark, un immeuble d’habitation aisément identifiable aux constructions des années 50 par la disposition de ses retraits successifs et des conduits de cheminées spectaculaires (Despagne et Cie 1955-1957, architecte inconnu). Le règlement provisoire d’urbanisme parisien en vigueur à l’époque prescrivait que « la verticale du gabarit correspond à la largeur de la voie ( H=L), quant à l’oblique elle peut s’élever jusqu’au plafond dont la hauteur est fixée par le plan d’aménagement de l’ïlot »Ces sorties de cheminées réglementaires ( un conduit de fumée pour chaque cuisine et un conduit pour deux ou trois pièces) rendues monumentales par les retraits successifs disparaitront avec une circulaire administrative autorisant des gaines unitaires à raccordements individuels. La conjonction des deux contraintes, gabarit en gradins et cheminées, rend la vision des immeubles d’angle d’autant plus particulière.

 

Après avoir remonté la rue Joseph de Maistre, on emprunte la rue Caulaincourt bordée d’immeubles en pierre de taille, les échappées se succèdent vers le Nord de Paris, ici le square Caulaincourt.

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Poursuivant sur la rue Caulaincourt  jusqu’à la place Constant Pecqueur, au 85-87 deux hôtels particuliers.

Plus loin, la rue Pierre Dac permet une nouvelle échappée visuelle avec un esprit d’escaliers successifs vers la station de métro Lamark-Caulaincourt.

La montée de l’avenue Junot en direction du sommet de la butte permet de découvrir de nouveaux ateliers d’artistes, notamment au n°30-36  (A.Thiers Archi.1930).

A droite en montant l’avenue Junot: la villa Léandre et ses différents modèles de maisons individuelles.

A gauche, rue S.Dereure au n°15, un ancien atelier de soieries (P.Patout Archi. 1927)   avec de grandes baies vitrées orientées au Nord.

15 avenue Junot, la maison Tristan Tzara est l’unique réalisation en France d’ A.Loos Archi.1926. Une oeuvre en forme de manifeste avec son idée maitresse:  « Ornement et crime » * . Pour cette réalisation le terrain de 10,6m en façade et 17,6m de profondeur tout particulièrement accidenté rend la volumétrie et la distribution complexes totalement à l’opposé du plan libre, la lisibilité des fonctions intérieures n’apparait pas en façade coté avenue qui présente un collage de matériaux et reste assez énigmatique pour le promeneur .

En rez de chaussée: entrée et garage, au premier niveau un appartement, au deuxième niveau : atelier d’artiste, troisième et quatrième niveaux : chambres.

*  » J’ai libéré l’humanité de l’ornement superflu. « Ornement » ce fut autrefois le qualificatif pour dire « beau ». C’est aujourd’hui grâce au travail de toute ma vie, un qualificatif pour dire « d’une valeur inférieure ». Je sais que l’humanité m’en sera reconnaissante un jour, quand le temps épargné sera bénéfique à ceux qui jusqu’à présent étaient exclus des biens de ce monde ».( A.Loos « Ornement et crime »)

Plus haut en arrivant sur la place Marcel Aymé on aperçoit derrière un portail une allée privée qui dessert des maisons individuelles avec jardins .

Rue d’Orchampt, en descendant vers le Bateau-lavoir on retrouve là aussi d’anciens ateliers d’artistes traités de façon plus économiques.

Un peu plus bas on retrouve Le Bateau lavoir ( une ancienne manufacture de pianos divisée en ateliers d’artistes vers 1889)Picasso prit cet atelier dès 1904 ou il y exécuta les dernières toiles de la période bleue, puis de la période rose et les Demoiselles d’Avignon (1907).

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En direction de la place des Abbesses, au n°17 de la rue des Abbesses : l’église Saint-Jean-de-Montmartre ( Anatole de Baudot Archi.1894-1904, élève de Viollet-le-Duc ). Elle représente l’aboutissement des théories de cet architecte et un pas vers une architecture nouvelle, à partir de principes constructifs appliqués depuis 1890 notamment pour le théâtre de Tulle: briques et ciment armé y compris pour la charpente.

Anatole de Baudot a préféré le ciment armé ( système Cottencin) qui utilise de minces dalles renforcées par des contreforts pour les parties horizontales et des briques enfilées sur des tiges de fer pour les parties verticales. Ces deux parties sont reliées pour former un monolithe indéformable particulièrement adapté au sol de ce terrain assez instable. Le système Cottencin disparaitra vers 1914 au profit du système Hennebique qui a développé le béton armé.

L’auvent d’entrée, lui aussi en ciment armé, est revêtu de pastilles en grès flammé (A.Bigot), décoratives autant que protectrices pour ce tout nouveau matériau à l’époque.

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Les voutes constituent les couvertures de l’édifice, deux dalles de ciment armé de 7cm d’épaisseur, la dalle inférieure est recouverte d’une chape de plâtre peinte, l’autre constitue la couverture proprement dite, ente les deux dalles un intervalle de 4cm est rempli d’un mélange liège et mâchefer assurant l’isolation. Intérieurement la minceur de la structure dégage une impression de grande légèreté .

Sur le coté droit, le passage piéton permet de mieux comprendre la difficulté du terrain en pente et son utilisation maximale par la création d’un niveau inférieur à celui de l’église pour des salles d’activités paroissiales.

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Diverticule à partir de du haut de la rue Lamark en direction de la Porte de Clignancourt puis vers le métro Marcadet-Poissonniers.

Le groupe scolaire à l’angle de la rue Championnet et de la rue du Ruisseau (E.Bois Archi.1934-1950) est mis en valeur par un usage décoratif de la brique avec un maillage qui enveloppe l’ensemble des façades, un répertoire ornemental développé dans les années 20 pour les programmes à petits budgets. Ici le décor semble largement inspiré par celui de l’Institut d’Art et d’Archéologie face au jardin de l’Observatoire (P.Bigot Archi.1924-1932).

Résidence étudiante, 70 rue Championnet avec un retour boulevard d’Ornano : souplesse de la façade avec effet d’ondulation en métal.

Sur le bd. d’Ornano (ouvert par Haussmann) au n° 43, l’ ancien cinéma ORNANO 043 (M.Gridaine Archi.1933). Indépendamment des ajouts parasites en rez de chaussée un beau travail sur les horizontales des baies et des hublots façon paquebot dans le droit fil des années 30, sans oublier le graphisme de l’enseigne réalisé dans le béton formant signal urbain.

En face, 118 rue du Mont-Cenis, le siège administratif de Virgin ( R.Piano DW Archi.2000-2005).

La rue Championnet aboutit au 13 de la rue des Amiraux. A l’ angle avec la rue H.Lachapelle, l’ensemble HBM-piscine (H.Sauvage et Ch.Sarazin Archi.1922-1926 ), une suite logique de la réalisation de l’immeuble Vavin réalisé en 1912 avec la permanence d’une recherche d’ensoleillement maximum (deux heures supplémentaires pour les logements en rez de chaussée) rendu possible grâce aux terrasses en retrait inspirées des sanatoriums du début du XXe siècle.

A l’origine, l’implantation d’un cinéma fut imaginée au centre de l’ensemble, il fut remplacé  par une piscine publique surplombée d’une verrière. Structure en béton et façades revêtues de carreaux céramiques brillants identiques à ceux de la rue Vavin et du métro parisien (cf. les thèses hygiénistes).

Pour le Maitre d’Ouvrage à vocation sociale, cette recherche d’une ville plus « intense » aura comme incidence économique majeure une moins grande densité de logements sur la parcelle. En effet, si 78 logements ont été réalisés, une opération plus conventionnelle avec cour intérieure traditionnelle en aurait permis une cinquantaine de plus !. A cela il faut ajouter que 21 logements sont orientés plein Nord, 20 sont éclairés uniquement vers la cour intérieure.

Le plan du troisième étage permet de localiser les quatre circulations verticales qui desservent les étages d’habitations, les différents types de logements ainsi que les caves dont les circulations de dessertes longent le vide central au dessus de la verrière de la piscine.

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Une coupe sur l’ensemble permet de visualiser l’organisation spatiale autour de l’équipement public. Coté cour intérieure, seuls les logements des trois derniers niveaux comportent de petites fenêtres, les 3e et 4e étages comportent des fenêtres éclairant les circulations des caves.

A noter que cette disposition en gradins était imposée dès 1916 à New-York pour permettre une meilleure circulation d’air et une pénétration du soleil vers les niveaux inférieurs.

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Ce concept des gradins sera à nouveau développé par les mêmes architectes pour le projet d’immeuble Métropolis du quai de Passy en 1928 demeuré sans suite. Cette utopie est restée longtemps sans lendemains ce qui n’empêchera pas son classement aux Monuments Historiques en 1991.

 

Balade architecturale de la Porte Dorée à l’avenue Ledru Rolin.

A la fin du XVe siècle les voies d’approvisionnement à partir du Sud-Est de Paris vers le centre de la capitale se faisaient par les rues de Charenton, de Reuilly et de Picpus. L’actuelle avenue Daumesnil est venue en complément des précédentes à partir de 1862. Cette percée haussmannienne a permis lors de sa création la réalisation de nombreux lotissements privés. Les adjudicataires de cette nouvelle voie radiale furent souvent des architectes ou des entrepreneurs. Ce sont eux qui dessineront peu à peu le quartier que nous connaissons aujourd’hui.

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Au XXe siècle l’Exposition coloniale de 1931 relancera l’ urbanisation de cette périphérie. L’implantation retenue pour cette exposition organisée sur 110 hectares visait notamment à développer des « quartiers déshérités » le long des fortifications de Thiers. Ainsi le terminus de la ligne 8 du métro fut déplacé jusqu’à la Porte de Picpus rebaptisée Porte Dorée en lien avec la sculpture monumentale dorée de la France coloniale ( une allégorie au casque gaulois symbolisant « la France apportant la paix et la prospérité aux colonies ») qui fut implantée dans l’axe de la place monumentale dont l’ancien musée des Colonies vint clore un des cotés.

Depuis sa construction la Porte Dorée s’identifie fortement à ce bâtiment ( A.Laprade et L.Jaussely Arch.1931) qui fut construit à l’orée du bois de Vincennes pour célébrer l’empire colonial français. Ce projet provoqua d’inévitables conflits politiques lors de sa programmation mais aussi de représentation architecturale entre régionalisme et modernisme, tradition et modernité. 

En 1931 la fine colonnade de ce bâtiment monumental avait pour objectif de mettre en valeur une fonction pédagogique pour les visiteurs: « illustrer l’apport économique des colonies de l’Afrique à l’Asie » . Le bas-relief sculpté sur plus de 1130m2 ( et de 10 cm d’épaisseur maximale) fut réalisé par A.Janniot, il demeure un triomphe de « l’art décoratif moderne » réalisé en deux ans.« Grande tapisserie de pierre abritée par une sorte de dais léger, évoquerait les pays du soleil dans une note neutre et moderne » ( cf. A Laprade dans une note au Maréchal Lyautey commissaire général de l’exposition). Cette allégorie de l’Abondance, de la Paix et de la Prospérité est entourée des figures des grands ports maritimes français. L’Histoire rappelle que de tels ouvrages à but de propagande portent inévitablement les germes de leurs déclins programmés.

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La signature Intérieure du bâtiment est assurée par la couverture intérieure à gradins du hall central ainsi que par les travaux de décoration réalisés par de nombreux artistes réputés : G.Poillerat pour les serrureries décoratives, Baguès pour les luminaires, E.J Ruhlmann et E.Printz pour le mobilier, les mosaïques au sol sont traités comme des tapis précieux, Jean Prouvé a réalisé le portail d’entrée.

Le musée des Colonies (1931-1935) fut ensuite dédié à la France d’Outre-Mer (1935-1959) puis aux Arts d’Afrique et d’Océanie (1961-2003), actuellement il accueille la Cité nationale de l’immigration. 

A la fin de l’Exposition coloniale et après démolition de la majeure partie des bâtiments certains espaces libérés permirent l’implantation de logements sociaux. Des HBM furent construits sur l’emplacement de la Cité de l’Information de l’Exposition coloniale le long du boulevard Poniatowski (1932-1934), résultat tangible d’une volonté politique forte de prise en main de l’aménagement urbain par les pouvoirs publics.

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A ces ilots d’HBM il faut opposer en vis à vis une « dent creuse » sur une parcelle qui nécessiterait d’être « raccommodée » au moyen d’une opération probablement difficile à faire émerger entre pesanteurs administratives et développement abusif des procédures de recours .

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Entre le boulevard Poniatowski et la voie ferrée de « la petite ceinture » rue E Lacoste, un petit lotissement coopératif rappelle la variété du tissu urbain dans ces quartiers périphériques. Celui-ci reprend des plans types d’habitations individuelles développés autour de la rue du docteur Leray dans le 13e par une société coopérative pour cheminots.

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En revenant sur ses pas au 6 boulevard Soult: immeuble de logements (Alluin & Mauduit Arch.1991), un des premiers développements de la façade « véranda » parfaitement adapté pour réduire les nuisances sonores le long du boulevard.

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En remontant l’avenue Daumesnil, à l’angle de l’avenue Michel Bizot et de la rue de Picpus (P.Riboulet Arch.1997), un ensemble de logements avec loggias vitrées économisant l’énergie, améliorant les performances acoustiques et formant jardins d’hiver. Comme souvent, la transformation en pièces de débarras nuit à l’esthétique de l’ensemble.

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Angle rue de Fécamp et 16 rue E.Robert, un plan masse en peigne de chaque coté d’une cour intérieure pour cet ensemble des 600 logements HBM (groupement des architectes de l’office public d’HBM 1924), détails entre tradition et début du vocabulaire de la modernité naissante.

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Au débouché de la rue de Fécamp sur l’avenue Daumesnil, voir aux n°234-246 des immeubles d’habitations sur 4 niveaux pour ouvriers bâtis à la demande de Napoléon III sur sa cassette personnelle. Ils furent dessinés en 1867 et réalisés par des entreprises britanniques.

186 avenue Daumesnil: l’église du Saint-Esprit (P.Tournon Arch.1928-1934). Certainement un des ouvrages des « chantiers du cardinal » les plus ambitieux par la taille. A partir de l’avenue Daumesnil, le porche d’entrée et son clocher (terminé en 1942) viennent s’intégrer entre deux immeubles d’habitations, l’église se développe à l’intérieur de l’îlot en particulier le long de la rue Canebière.

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Modernisme de la structure avec l’emploi du béton laissé brut de décoffrage, l’importance de la coupole de 22m de diamètre et de 33m de haut n’est visible qu’à partir de la rue R.E Robert, les parements des façades sont traitées de façon très traditionnelle en briques de Bourgogne.

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La couronne de lumière qui se dégage autour de la coupole byzantine n’inonde pas l’intérieur de l’église. L’éclairage naturel donne dans le « clair obscur » qui peut rappeler Sainte Sophie de Constantinople. Le poids de la tradition reste ici très pesant. On est loin de l’inventivité développée pour l’église St Jean de Montmartre par Anatole de Baudot (1887-1904), ou par A.et G.Perret dans l’église du Raincy (1923 ) .

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En remontant la rue Canebière on arrive à l’ensemble des 500 logements HLM  du 59-93 rue Claude Decaen, 5-7 rue de Gravelle et rue Georges-Contenot (J.Bourgeois, J.Bukiet, G.Lesou et A.Picard Archi.1955 ). Cette importante rénovation urbaine par sa taille comporte 8 tripodes de 13 niveaux accolés deux par deux, ils sont associés à 5 autres bâtiments linéaires de 6 niveaux. Ces bâtiments inspirés d’exemples suédois ont été construits avant le développement des méthodes de préfabrication , ils sont réalisés avec une structure béton et remplissage en parpaings.

A défaut de luxe et de volupté, le calme règne ici dans un des plus grands jardins privatifs de Paris qui pourrait, en réduisant les blocages administratifs, être partagé avec les autres habitants du quartier. Une densification est en cours avec la réalisation de logements supplémentaires et d’une crèche.

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Ce n’est pas le seul ensemble immobilier monumental dont le plan masse est en rupture  avec le tissu urbain environnant dans le 12e, comme le met en évidence cette maquette du Pavillon de l’Arsenal, d’autres existent en longeant l’avenue de Reuilly .

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Après avoir franchi la Place Daumesnil ( ancienne barrière de Reilly des Fermiers Généraux), au 168 avenue Daumesnil, l’ensemble bureau de Poste et logements pour postiers ( P.Chavannes Arch.1993), cette opération s’est inscrite dans le développement important pour ce type de programme mixte entrepris par l’administration postale à Paris, avec des réalisations extrêmement variées « ….que cent fleurs s’épanouissent » … .

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Lui faisant face, au 187 avenue Daumesnil, le central téléphonique (P.Guadet Arch.1926). Comme pour l’hôtel particulier Guadet du 95 boulevard Murat l’ossature est revêtue de pastilles céramiques colorées.

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Retour place Daumesnil: dans la rue de Reuiily  du n° 95 au 103 et à l’angle avec la rue du Sergent-Bauchat, plusieurs bâtiments distincts ( R.Schweitzer Arch.1971-1976), l’école d’infirmières des Diaconesses et l’institut Sainte-Clotilde. Façades en béton et briques selon les principes du néo-brutalisme et déclinés ici avec rigueur et sobriété.

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Par le même architecte l’importante opération de rénovation urbaine entre la rue de Picpus et les 105-109 rue de Reuilly ( plus de 40.000m² de logements sociaux) construite en 1971 n’offre hélas pas le même intérêt architectural et correspond à la politique de rénovation aux forceps de cette époque. A proximité immédiate l’église St Eloi en acier utilise un vocabulaire contemporain qu’on ne rencontre que trop rarement ( M Leboucher Arch. 1967).

29-33 rue Montgallet et 25 passage Stinville vers le square de la baleine (Babel Arch.2006) un travail « décoratif » des balcons associé à un usage de la brique de parement.

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Dans la rue de Reuilly au n°85 l’impasse Mousset présente quelques exemples d’anciens ateliers d’artisans transformés en habitations avec à la belle saison des floraisons bucoliques. Dans le même esprit au n° 69 le portail de fer forgé permet d’accéder à la cour d’Alsace-Lorraine autrefois dédiée à l’artisanat, maintenant rénovée et repeinte dans des couleurs ocres. La partie arrière de la cour jouxte l’Ecole Boulle.

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Plus loin dans la rue de Reuilly et en longeant le passage Saint-Charles, une autre importante opération d’urbanisme s’étire sur une grande longueur pour attester que les promoteurs ont largement participé au renouvellement du tissu urbain parisien.

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Avant de gagner la rue P.Boudan, l’extension de l’Ecole Boulle, (A.Laprade et J.Prouvé Arch.1952), le mur rideau développé par Jean Prouvé est contemporain de celui de la Fédération du Bâtiment rue Lapérouse, dans les deux cas il a été développé dans un esprit de légéreté y compris dans sa manutention et sa mise en oeuvre sur chantier.

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Avenue Diderot, résidence étudiante (S.Brou Arch.2011) entre signal urbain et rupture de l’alignement et dans les matériaux.

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Entre le boulevard Diderot et la rue du Faubourg Saint-Antoine, on rejoint l’ancienne caserne de Reuilly. Initialement Manufacture Royale des Glaces en 1634 puis bâtiment militaire et administratif sous Louis-Philippe. Ce terrain de 2 hectares fait l’objet d’une réhabilitation et d’un réaménagement avec démolition des murs d’enceinte pour faire émerger un nouveau quartier d’environ 600 logements autour de l’ancienne place d’arme aménagée en espace vert de 5.000 m2.

Au delà à gauche, la rue Crozatier permet de rejoindre l’ avenue de Corbera. Des deux cotés de cette rue un ensemble de logements de rapport par le même architecte (E.Lambla de Sarria Arch.1923-1928) pour le compte d’un investisseur privé. L’homogénéité monumentale de la rue est rythmée par des bow-windows, totalement à l’opposé du morcellement quasi-systématique mettant en valeur les individualismes qu’on rencontre depuis une vingtaine d’années.

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48 boulevard Diderot, l’ancienne Maison des élèves de l’école Centrale ( P.Leprince Ringuet Arch.1929) a été transformée en résidence Citeaux du CROUS de Paris.

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28 rue de Citeaux, la cuisine centrale de l’hôpital Saint-Antoine (E.Ciriani Arch.1985),la volonté de produire un manifeste d’abstraction tout en bousculant vigoureusement les constructions voisines, naissance du « style Ciriani » entre complexité et modernité plastique aux effets de démonstration très appuyés qui apparait maintenant très daté.

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En face le square L. Ferré et le passage Driancou, comme dans beaucoup de lieux de l’arrondissement, le passé artisanal du quartier cède la place à la boboisation rampante.

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Seul lotissement notable dans le faubourg Saint-Antoine avant la Révolution, le Marché-Beau, devenu Marché d’ Aligre, est installé depuis 1781. M-G Jolivet, architecte de la ville  construisit en 1843 le nouveau marché couvert . Dans la partie Nord-Est l’immeuble aux balcons filants exprime par sa rupture très affirmée avec le tissu environnant la brutalité de beaucoup de rénovations urbaines des années 70 .

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Le quartier possède d’autres chocs urbains, celui à l’angle de l’avenue Ledru-Rollin et du 50-56 rue de Charonne résulte de l’abandon en 1965 de l’élargissement programmé de cette rue à 40m.

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Une tranche particulièrement fine attire l’attention du promeneur.

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Seule compensation pour les nostalgiques à ce carrefour :« le Bistrot du Peintre ». Crée en 1902 dans un décor brasserie Art Nouveau et orné de faïence et de bois, il vous permettra d’épiloguer sur les bouleversements urbains passés ou à venir de l’arrondissement.

Puteaux ou la difficile identification d’une ville .

Cette balade en boucle dans Puteaux à partir du Pont de Neuilly va à la rencontre de styles architecturaux que beaucoup d’architectes font semblant de ne pas regarder, ils ont été majoritairement « inspirés » et souvent quasi-imposés par des édiles se complaisant dans des environnements nostalgiques de plaquettes de briques, de mansardes en zinc et de balustres, sans désir de participer à un environnement moderne.

On découvre depuis le pont de Neuilly une vue de Puteaux étroitement liée au quartier de La Défense implanté sur un tiers de son territoire communal. Ce premier regard est très réducteur si on ne va pas à la découverte de cette commune aux aspects très contrastés.

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Cette balade présente la grande variété des styles architecturaux directement liés aux impulsions imposées de façon plus ou moins éclairées par les différents maires : novateurs ou conservateurs voire passéistes. Ces successions de volontés politiques très différentes et plus ou moins affirmées impactent directement le paysage architectural et aboutissent fréquemment à des juxtapositions au mieux composites, au pire hétéroclites.

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La très remarquable tour Nobel (J de Mailly J.Depussé J.Prouvé Arch.1967) n’est donc pas représentative de la production architecturale qui suit. L’urbanisme de dalle des  terrasses Bellini, cet ensemble de logements et de bureaux récemment rénové, a peut être servi d’exemple à ne plus reproduire, mais après analyse l’effet balancier n’est pas exempt de critiques lui aussi.

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L’arrière des terrasses Bellini ,vue de la passerelle enjambant le périphérique de La Défense, montre les limites de l’urbanisme de dalle des années 60 et apparaît assez caricaturale.

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Un cheminement le long de la Seine permet d’avoir une vision plus générale des transformations du tissu territorial . Aux coteaux de la Seine et à ses vignobles fin du XIX ont succédé le développement du chemin de fer, puis l’ industrialisation rapide le long du fleuve. Le développement des services a engendré l’accroissement des bureaux y compris en dehors de l’espace central de La Défense.

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Un bref détour dans l’ l’île de Puteaux ou à coté du gymnase de bois et d’acier voisine le »Palais des Sports, … »le peuple lui aussi a droit à des colonnes »…un avant-gout du kitsch qui va suivre. A noter que l’île est accessible uniquement par le pont de Puteaux , le pont de Neuilly ne donne accès qu’au palais des sports de Neuilly mais ne permet pas d’accéder au complexe sportif de Puteaux, chacun reste maître dans son fief !...

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Revenons vers le centre-ville, à l’angle rue Richard Wallace et rue Voltaire avec ce rappel des constructions basses début XX lié au passé industriel avec ses anciens quartiers ouvriers maintenant relookés tendance « nostalgie » avec des enseignes dignes de parcs d’attraction.

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Rue Richard Wallace, une image-type du néo fréquemment rencontré avec ses lucarnes, bow-windows et autres réminiscences qui en rassurent certains.

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Néanmoins à d’autres époques l’esprit était moins timoré comme comme le démontre l’ Ecole Benoit Malon, 8 rue Colin (R.Roy et Lorenz Arch.1926) avec une volonté de décor qui ne se contentait pas de reproduire des images types.

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Donnant sur la rue  Richard Wallace: la Place du Théâtre, la bien nommée…on devrait préciser d’opérette dans ce cas précis avec la tentation de retrouver la qualité de la ville traditionnelle en se contentant d’importer des décors; malheureusement n’est pas Rob Venturi ou Aldo Rossi qui veut !.

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Sur cette même place des peintures de pignons aveugles font figure de pansements urbains.

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Plus loin, l’Hotel de ville et sa colonnade monumentale (les frères Niermans Arch.1934), qui servit de modèle à la Mairie d’Alger construite par les mêmes architectes, rassurerait presque quant à la force affichée de la volonté publique durant les années 30.

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Face à l’entrée principale de l’hôtel de ville et à son bas-relief d’A.Janniot, la médiathèque tente une recherche du monumental à tout prix .

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En remontant vers la gare de Puteaux, on peut découvrir des rues calmes avec des habitats individuels et des petits jardins. Sur le plateau, après avoir franchi la gare, on peut découvrir d’autres  productions architecturales.  Rue Cartault, la résidence Cartault (A.Labussière Arch.1922-1925). Le plan masse en peigne a permis de dégager à partir de ce point haut du relief des vues obliques vers Suresnes et la vallée de la Seine avec un réel souci à cette époque d’hygiénisme pour un habitat mieux éclairé offrant plus de confort.

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En redescendant vers la gare SNCF, au 172 rue de la République: la Cité Lorilleux ( les frères Niermans Arch. 1954) sur l’ancien emplacement des usines d’encres éponymes. Ces constructions contemporaines de la Cité Radieuse de Le Corbusier n’en ont pas la qualité sculpturale ni le concept fort, néanmoins elles ne font pas dans le pastiche.

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A proximité, au 48 rue F.Pelloutier, le groupe scolaire Marius Jacotot (les frères Niermans Arch. 1935-1936) présente un signal fort visible depuis la ligne SNCF de Paris-St Lazare vers Saint-Cloud.

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En longeant la voie SNCF, un autre signal urbain à l’angle de la rue Sadi Carnot qui surplombe les voies SNCF avec une vue dégagée vers la vallée de la Seine au Sud.

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En redescendant vers l’Hôtel de Ville, dans la rue de la République le néo reprend toutes ses aises. Dans le bas de Puteaux et à proximité avec le plus grand quartier d’affaires européen, il est frappant de constater la multiplicité des poncifs dignes de station balnéaire avec de frêles colonnes, des corniches, des frontons et des balustres involontairement kitsch pastichant les antiques à la façon Beverly Hills.

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Dans la cette veine factice à proximité:« Le quartier Haussmannien » 15 rue Marius Jacotot.

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 » Le Saint Andrew » 20 rue Rousselle , pauvreté et platitude de l’ architecture ordinaire.

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Les oppositions de styles sont parfois saisissants dans cette vision urbaine ou le néo-haussmannien de la promotion immobilière privée s’oppose frontalement avec la production architecturale des tours de bureaux à l’architecture internationale.

Toujours en se dirigeant vers La Défense, rue Arago, l’immeuble de logements « Villa Carolina » reprend de façon très élémentaire l’image du Parc St James de l’autre coté de la Seine, décidément ce permanent « complexe de Neuilly » en taraude beaucoup. De toute évidence on est bien loin ici des politiques architecturales volontaristes développées dans d’autres zones péri-urbaines dont les finances publiques sont beaucoup moins favorisées que Puteaux.

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L’ affiche ringarde de la « force tranquille » de 1981 avec son village rural autour du clocher , rassemble décidément une grande partie d’ élus locaux dont la culture architecturale est « a minima » ce qui n’est hélas pas pour déplaire a beaucoup d’ acteurs de la construction.

Avant de franchir le boulevard circulaire de La Défense et contre un ensemble résidentiel en préfabrication lourde des années 70, une école « blockhaus » très figée à l’angle de la rue Arago et du boulevard A.Soljenitsyne.

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La coupure du boulevard circulaire de La Défense isole certes le quartier d’affaires des « centre-villes »  limitrophes mais pour conclure je vous invite à profiter des espaces publics de la Défense ou vous pourrez jouer aux boules, bronzer, prier,  jouer de la guitare, flâner, échanger ou simplement respirer autour des bassins et fontaines d’Agam ou deTakis que je trouverai toujours préférables aux mignardises rencontrées dans les jardins publics de Puteaux.

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Paris, balade architecturale de la Porte de la Chapelle à la Porte de la Villette.

Ce territoire parisien en limite Nord-Est situé entre les 18e et 19e arrondissements couvre 200 hectares environ. Il s’étire entre le Périphérique au Nord, les voies SNCF (réseaux Paris-Est et Paris-Nord) au Sud et à l’Ouest, et le canal Saint-Denis à l’Est.

La juxtaposition des réseaux de transports routiers, fluviaux et ferrés reliés aux entreprises de logistique ne présentait pas jusqu’à présent un cadre très favorable pour l’habitat.

Avec le développement du pôle économique de la Plaine Saint-Denis l’opportunité d’un renouvellement urbain s’est imposée. Le projet d’aménagement de Paris-Nord-Est en cours de travaux accueillera à terme 28.000 habitants et 41.000 emplois (respectivement 13.000 et 16.000 actuellement).

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Partant de la Porte de la Chapelle, la voie ferrée relie le réseau Nord à l’ancienne gare de marchandise du secteur Évangile et enjambe le boulevard des Maréchaux.

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La convergence de ces réseaux à proximité de l’ancien tissu industriel du Nord de Paris a concouru dans les années 60 à l’implantation des entrepôts Calberson filant sur plus de 800 m entre les portes de la Chapelle et de la Villette, et interrompus uniquement au droit de la porte d’Aubervilliers.

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La partie des entrepôts entre les portes de la Chapelle et la porte d’Aubervilliers est la plus récente, elle a été construite en 1970 ( M.Forest Arch.). Ce bâtiment est desservi à la fois par les réseaux SNCF Paris-Est et le chemin de fer de « la petite ceinture », il est assez exceptionnel par ses dimensions et par sa conception: construit sur 3 niveaux avec un parking sur la totalité de la terrasse. Sur la partie comprise entre les portes de la Chapelle et d’Aubervilliers la façade comporte différents redents. La rampe d’accès des véhicules vers les différents niveaux des entrepôts est implantée en extrémité du bâtiment coté Porte d’Aubervilliers.

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La cité HBM Charles Hermite est située le long du boulevard Ney face aux entrepôts. Elle est longée par le périphérique, le bassin d’Aubervilliers situé plus au Nord longe le centre commercial du Millénaire et les Magasins Généraux de La Plaine St Denis.

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Après la Porte d’Aubervilliers, et sur le boulevard Macdonald en direction de la Porte de la Villette: 3 ensembles de 150 logements sont implantés chacun autour d’une cour-jardin privatif avec une transparence des halls en rez de chaussée.

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L’opération centrale (R.& M. Schweitzer Arch.1997) développe une rigueur expressive dans la volumétrie en évitant les parois trop vitrées, elle utilise la palette de matériaux des HBM voisins en brique et enduit. Cette opération présente beaucoup de similitudes dans le traitement des volumes et des percements avec l’immeuble de logements du 9 avenue de la Porte de Clichy réalisé par cette même agence .

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La partie des entrepôts située entre les portes d’Aubervilliers et de La Villette (n° 141 à 221 du boulevard Macdonald) a été construite à la fin des années 60 (M.Forest Arch.) sur les terrains d’anciennes usines à gaz dont l’implantation datait des années 1860. La façade de la longue barre de 617 m de long et de 165.000 m² est ici sans redents, la résille de béton en souligne l’horizontalité. La structure en béton du bâtiment (prévue pour recevoir 3 étages supplémentaires) est recoupée sur les trois niveaux par des murs coupe-feu avec une hauteur moyenne sous plancher de 6 m. Pour ce bâtiment de stockage des marchandises les planchers pouvaient recevoir des surcharges de 2 tonnes/m². Le premier étage présente un porte à faux de 5 m tant du coté voie ferrée que du coté quai de déchargement des camions. La toiture terrasse a été utilisée comme fourrière de véhicules pour la ville de Paris.

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Cette seconde partie des anciens entrepôts a fait l’objet d’une importante reconversion pour créer 1126 logements, une résidence étudiante avec foyers de jeunes travailleurs, des bureaux, des commerces (C. de Portzamparc, N. Michelin, Brenac & Gonzalez, Gigon Guyer, Fantastic Architecture, Hondelatte-Laporte Arch.). Cette mixité des fonctions peut être conçue comme un levier pour favoriser les transformations des équipements pose un regard différent sur un patrimoine immobilier devenu inadapté, y compris comme ici ou l’épaisseur du bâtiment et les hauteurs sous dalles de ces entrepôts sont inhabituels peuvent produire des logements atypiques souvent riches de qualités spatiales. Par un effet de balancier fréquemment rencontré cette déconstruction-reconstruction aboutit à un sur la partie Sud coté Porte d’Aubervilliers à effet « matériauthèque »  qui certes nourrit le buzz, mais était-ce bien nécessaire pour les logements donnant face à la nouvelle gare RER Rosa Parks?.

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Coté canal et vers la Porte de la Villette, les traitements logements et bureaux sont moins anecdotiques.

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Coté boulevard Macdonald  la reconversion des entrepôts  en bureaux réalisée: 28.000 m² ( F. Leclerq, M. Mimram Arch.2015) n’ont pas le même effet de diversité des traitements à tout prix

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A son extrémité coté Porte de la Villette la reconversion des entrepôts a été affectée aux équipements publics: école, collège gymnase, crèche ( Kengo Kuma & Ass Arch.2015).

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Face à ces anciens entrepôts, la ZAC Claude Bernard fut crée en 2005 à l’emplacement de hôpital détruit dans les années 90. Cette ZAC de 15,5 hectares est enserrée entre le boulevard périphérique, le boulevard Macdonald et le canal Saint-Denis. Le premier quartier mixte dans ce secteur en mutation est desservi par le tramway et la nouvelle gare RER E « Rosa Parks » constituant un pôle intermodal important à l’échelle régionale.

Au n°166 le Cinéma UGC de 10.000 m² (JP.Viguier Arch.2013) est implanté en limite Est, et contigu au square Claude Bernard.

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Ce nouveau quartier urbain mixte (bureaux-logements-commerces et groupe scolaire) est limité au Nord par un ensemble de 3 immeubles de bureaux (41.000 m²) qui protège des nuisances sonores du périphérique. Les façades des bureaux sont très différenciées entre elles sans qu’on en saisisse la réelle justification, ici en limite Nord-Ouest (E.Combarel & D.Marrec Arch. 2011). Les habitations sont implantées le long du boulevard Macdonald.

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Faisant face au premier bâtiment de bureaux: l’immeuble de logements le long du boulevard Macdonald ( R.Marciano Arch.2011).

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Deux voies perpendiculaires au boulevard Macdonald déservent les bâtiments d’habitations et de bureaux, ces derniers communiquent entre eux par des galeries de liaisons transparentes isolant des nuisances du périphérique (J.Ferrier Arch.2011).Les bureaux et immeubles d’habitation sont séparés par un jardin accessible au public tout au long de la ZAC (agence de paysagistes TER).

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Face au deuxième bâtiment de bureaux, autre immeuble de logements (V.Brossy Arch. 2011).

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Immeuble mixte commerces-maison de retraite EHPAD de 104 lits-logements sociaux et en accession ( Atelier Zundel-Cristea Arch.2011) revêtu de céramique blanche.

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Le troisième immeuble de bureaux en limite Nord-Est (Sauerbruch & Hutton Arch.2011)

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Face au quatrième immeuble de logements ( D.Feichtinger Arch.2011) ici coté cœur d’îlot, et faisant face au groupe scolaire de la ZAC.

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Façade coté boulevard Macdonald (bardage en polycarbonate brillant).

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Le groupe scolaire de la ZAC Claude Bernard (Brenac & Gonzalez Arch.) coté cœur d’îlot: 12 classes (5 maternelles et 7 primaires) avec halte-garderie, pour répondre aux besoins des nouveaux habitants. L’enveloppe extérieure en verre opalin gomme toute expression de l’organisation intérieure de l’école.

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A l’angle entre le boulevard Macdonald et le quai du Lot.

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Coté canal de l’Ourq: les berges sont en cours de réaménagement entre Paris et Aubervilliers pour offrir de nouvelles promenades piétonnes. Le socle de béton clair en bordure de quai abrite une halte garderie, tandis que le premier étage reçoit la maternelle et le deuxième l’école primaire qui s’ouvre sur une cour de récréation.

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Le canal St Denis vers La Villette, au loin la colline de Belleville et la Place des Fêtes.

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Après avoir franchi le pont on découvre au n° 111-115 du boulevard Macdonald la façade Art Déco d’un immeuble de 130 logements d’une architecture moderne et radicale avec ses quatre bow-windows cylindriques donnant en façade arrière sur les voies de Paris-Est. L’ensemble est revêtu d’éclats de grès cérame (R. Enault Arch.1933).

Robert Enault est aussi l’auteur du remarquable immeuble du 176 rue Saint-Maur à l’angle avec la rue du Faubourg du Temple (1930).

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Détail des quatre bow-windows cylindriques.

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Au 115 boulevard Mac Donald et à l’angle avec le  quai de la Charente longeant le canal Saint-Denis un nouvel ensemble de logements et de commerces revêtu de panneaux cuivrés vient s’accoler (Badia Berger Arch. 2015), avec un retour contre un récent immeuble d’habitations jouxtant les voies ferrées de Paris-Est (G.Margot-Duclos Arch.2015).

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tout en laissant apparaitre la façade arrière de l’immeuble 1930.

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En poursuivant les berges en direction de la Cité des Sciences et au delà des voies ferrées: les Entrepôts et Magasins Généraux de Paris (accès par le n°11 de la rue de Cambrai). Ces entrepôts étaient autrefois reliés au canal par une darse intérieure pour permettre les déchargements de péniches.

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Le quai est maintenant longé par la ligne du tramway.

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Compte tenu de la densité des réseaux de communication, le Nord-Est parisien a longtemps constitué un emplacement idéal pour le stockage. Sous Napoléon III l’essor de l’industrialisation, du commerce, et aussi de l’urbanisation a nécessité le développement des capacités d’approvisionnement et de stockage des denrées non périssables.

Les docks du pont de Flandre (comme ceux du pont de Crimée sur le bassin de la Villette) ont été reliés au chemin de fer du Nord, de l’Est puis au chemin de fer industriel. Ils ont été construits entre 1845 et 1853 pour stocker blé, sucre et alcool jusque dans les années 50. Ces entrepôts sont d’une conception simple: les façades sont en meulière avec des chaînages d’angle en briques, la charpente et les planchers sont en bois. Les plus récents ont été prévus « fire-proof » pour répondre aux normes des compagnies d’assurance dès 1860. Ils offrent de grands espaces intérieurs qui les ont rendus utilisables facilement pour d’autres fonctions. Actuellement ils abritent des bureaux et des halls d’expositions.

Cette balade se termine temporairement en vue de la Cité des Sciences de La Villette, le long du canal qui passe sous l’avenue de Flandre.

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Paris 17e Ouest : du pont Cardinet à la place de l’Etoile-Charles de Gaulle.

 

Le territoire de l’actuel 17e arrondissement comportait déjà avant son annexion à Paris en 1860 de grands lotissements spéculatifs. Après son rattachement, l’urbanisation de sa partie Ouest entre les voies ferrées de Paris-Saint-Lazare et les boulevards des maréchaux s’est développée par la volonté de l’administration haussmannienne largement aidée par les spéculateurs privés, notamment les frères Péreire, pour ouvrir de nouvelles voies créant de fait un important nombre de lotissements constructibles. Jusqu’à la fin du XIXe siècle ces lotissements verront s’implanter dans ce nouveau quartier parisien en vogue, des immeubles et de nombreux hôtels particuliers notamment pour une clientèle d’artistes officiels se rapprochant de leurs riches commanditaires regroupés autour du Parc Monceau.

Une vue aérienne de l’état en 1867 au dessus du village de Champerret.

La balade commence à la gare de Pont Cardinet (J.Polti Arch.1923) le long des voies SNCF de Paris-Saint-Lazare qui sépare les parties Ouest et Est (quartier des Batignolles) de l’arrondissement.

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La rue Cardinet permet de rejoindre la zone commerçante de cette partie Nord-Ouest de l’arrondissement autour de la rue de Lévis . A l’angle des rues Legendre, de Tocqueville et Cosnard, on découvre une succession de collages néo-historisants de la fin du XIXe et pour commencer, l’hôtel néo-renaissance en pierre et brique construit pour le parfumeur Guerlain .

36 rue de Tocqueville (Ch.Plumet Arch.1897) et ses loggias « décoratives » développées plus amplement en 1901 au 50 avenue V.Hugo.

A la fin du XIXe siècle, le Moyen-age et la Renaissance sont à la mode. En rupture avec l’uniformité apparente de l’architecture haussmannienne la critique du balcon a autorisée le développement des bow-windows ainsi que des loggias « décoratives » pour prolonger les appartements vers l’ extérieur. Ce dispositif architectural sera ensuite très largement développé tant pour les immeubles résidentiels que pour les logements sociaux au début du XXe siècle.

45 rue de Tocqueville: l’ immeuble commercial  Dorel (F.Bertrand Arch.1920-1923). Les bureaux sont implantés sur rue, l’appartement est situé au 4e étage avec un bow-window imposant, les ateliers de reprographie sont implantés à l’arrière de la parcelle. La façade en béton est totalement revêtue de motifs décoratifs en mosaïque de pâte de verre.

Au début du XXe siècle ce quartier en plein développement a permis d’ intégrer les différentes évolutions architecturales comme la Salle Cortot de l’Ecole Normale de Musique au 78 rue Cardinet (A.Perret Arch.1928). Sa façade en pierre est totalement épurée et sa frise correspond au système d’aération. Cette salle possède des qualités acoustiques tout à fait exceptionnelles (classée Monument Historique). Son Maître d’Ouvrage le pianiste Alfred Cortot déclarait au sujet de l’architecte: « il nous avait bien dit… »je vous ferai une salle qui sonnera comme un violon »; il a dit vrai mais il se trouve que ce violon est un stradivarius ».

Passé le boulevard Malesherbes on rejoint le lotissement Péreire qui est le plus complexe des tracés urbains parisiens par sa multitude d’îlots triangulaires. Ce procédé valorise les effets de perspectives et met en scène de façon renforcée les immeubles d’angles. L’organisation de l’ensemble est structurée par quelques grandes places à l’architecture ordonnancée ( Wagram, du Brésil , et Péreire).

Plusieurs rues de ce quartier ont conservé les fastes de la fin du XIX liés au développement de l’industrialisation et à l’enrichissement rapide d’une certaine classe sociale. Les ateliers d’artistes sont majoritairement implantés entre le boulevard Malesherbes, l’avenue de Wagram et l’avenue de Villiers. La rue Ampère rassemble la plus grande diversité dans les juxtapositions d’hôtels particuliers-ateliers d’artistes.

L’église Saint François de Salles initialement construite rue Brémontier a été agrandie ensuite coté rue Ampére entre 1911 et 1913 (E.Ewald Arch.) afin d’accompagner l’accroissement de la population du quartier. A proximité quelques immeubles présentent des bow-windows métalliques particulièrement développés.

A l’angle de l’avenue de Wagram et de la rue Brémontier  au 1 place d’Israël- 128 avenue de Wagram ( P.Patout Arch.1929), une expression modern’style sans ornement pour ce bâtiment d’angle, construit à l’origine pour une pension de famille, qui offrait une flexibilité des chambres afin de s’adapter aux demandes évolutives des clients.A l’origine les menuiseries des fenêtres étaient à guillotine .

61 rue Ampère l’atelier du peintre F.Flameng (J.Sauvestre Arch.1898 )

67 rue Ampère, dans la tendance Arts &Crafts.

La remontée du boulevard Péreire coté des numéros impairs vers la place de Wagram qui s’effectue en traversant les jardins publics implantés en 1968 sur la tranchée ferroviaire, permet d’admirer au n°145 un hôtel particulier avec ateliers d’artistes sur une parcelle très étroite qui a longtemps formé un signal urbain totalement isolé des autres constructions (G.A Dreyfus et V.Mette Arch.1931).

A l’arrivée sur la place Loulou Gasté et à la pointe des 3-17 rue Philibert Delorme, le tissu urbain a été largement modifié (U.Cassan Arch.1953). Ce qui pourrait s’apparenter à une barre est en fait l’assemblage de six éléments de 10 niveaux au plan en croix avec étages supérieurs en gradins, seul le premier élément à proximité de la place est isolé.

Cette place Loulou Gasté permet de rejoindre via la rue Alfred Roll le boulevard Berthier. Au n°23 l’ancien hôtel particulier d’un chanteur d’opéra (A.Sélonier Arch.1902). Une surcharge d’ornements à la façon décor de théâtre dans la mode historiciste. L’hôtel particulier voisin construit en 1899, maintenant démoli, était celui d’Yvette Guilbert dans un style  Art nouveau et donc d’esprit totalement différent .

En face: 134-142 bld Berthier, ces HBM rappellent l’importante production de logements sociaux de l’entre-deux guerres avec les façades en appareillages de briques (J.Bassompierre P.de Rutté et P.Sirvin Arch.1931-1933).

51 bld Berthier  (P.Sédille Arch.1892), ici les briques vernissées turquoises apportent une touche de polychromie dans cette succession d’appareillages de briques.

L’entrée de cet hôtel est située au 32 rue E.Fléchat, d’autres hôtels particuliers ont été construits dans cette rue.

En remontant vers le boulevard Péreire du coté des numéros pairs:au 100 bld Péreire (M.Hennequet arch.1925), systématisation des bow-windows polygonaux pour multiplier les vues obliques et travail plus particulier des derniers niveaux. Façade en granito de marbre avec des profils d’angle en faïence blanche. En 1930 M.Hennequet a réalisé rue Franklin un immeuble qui reprend exactement le même dispositif des bow-windows plissés.

Retour à la place Péreire.

A partir de cette vue aérienne de 1867 on peut visualiser les tracés viaires en étoile qui innervent le lotissement avec des avenues haussmanniennes très larges. Les principaux tracés y interférent selon deux triangles chevauchés qui rayonnent respectivement sur les places Péreire et Wagram, ces triangles sont subdivisés à leurs tour créant différentes voies secondaires.

Dans ce tissu urbain assez composite, au 134 avenue de Villiers, l’hôtel particulier Régnard de Chérif dans un style pseudo-hollandais (S.Sauvestre Arch.1883) .

L’avenue de Villiers permet de rejoindre la place du Brésil puis l’avenue de Wagram. Au n° 62 à l’angle avec la rue de Prony (D.Honegger Arch.1950-1955) cet immeuble de bureaux utilise l’industrialisation, sa préfabrication dans un langage très classique est d’un « rigorisme épidermique », la façade est en béton bouchardé.

Rue Jouffroy d’Abbans, une surélévation des années 30 romps curieusement la symétrie d’origine entre deux bâtiments du début XXe.

85 rue Jouffroy d’Abbans (E.Albert Arch. et JL Sarf Ing.1955).

A l’origine l’Epargne de France demanda à E.Albert de créer 1000 m² de bureaux sans toucher aux anciennes parties d’un hôtel particulier qui fut un temps celui de G.Eiffel.   Avec l’impossibilité de concevoir de nouvelles fondations et le programme imposant de créer des espaces flexibles E.Albert et JL Sarf ont imaginé une ossature métallique tubulaire légère en acier laissée visible et largement vitrée avec impostes en partie haute de chaque niveau, ce projet fut réalisé dans un délai très bref tout en conservant l’édifice existant qui laissait voir sa façade à partir de la rue. Les deux derniers niveaux respectent la courbe réglementaire du gabarit parisien de l’époque. Cette première réalisation d’architecture tubulaire sera ensuite développé dans les projets de la tour Croulebarbe et la direction de l’exploitation d’Air France à Orly .

Un parfait exemple d’architecture métallique alliant légèreté, économie et standardisation qui ont contribué à la renommée de l’édifice puisqu’il obtint en 1957 le Grand Prix International d’Architecture. Malheureusement une densification récente a dénaturée le projet initial en masquant la cour devant l’hôtel particulier sur la largeur des quatre premiers niveaux et sur les huit premières trames verticales.

103-105 rue Jouffroy d’Abbans (T.Petit Arch.1906)

Au développement du comble que favorise la réglementation de l’immeuble post-haussmannien s’intègre le motif de la loggia sur colonne, valorisant ainsi le « bel étage » et sa vue dégagée .

Dans l’alignement de l’avenue Wagram, à l’angle avec la rue Cardinet et au 132-134 rue de Courcelles (T.Petit Arch.1906), l’ implantation de cet immeuble en angle est exceptionnelle, elle a permis la mise en scène d’extravagances post-Art Nouveau sur une base haussmannienne, comme un art des compromis entre deux périodes .

Cet éclectisme est particulièrement développé dans le traitement des poivrières à l’angle avec l’avenue de Wagram. Libérée des contraintes haussmanniennes et renforcées par les perspectives nouvelles, les différents traitements des dômes et rotondes acquièrent le rôle de nouveaux signaux urbains pour cette époque  .

Lui faisant face au 119 avenue de Wagram (A.Perret Arch.1902), la galerie avec loggias du 5é étage de cet appartement succombe, certes avec modération, au motif familier de 1900. Un an plus tard et à 29 ans Auguste Perret réalisera en rupture avec cet immeuble assez convenu l’immeuble du 25bis rue Franklin, une des références majeures des débuts de l’architecture moderne.

Dans cette partie de l’avenue de Wagram près de la Place des Ternes, le tissu urbain dense est plus régulier et les immeubles haussmanniens se rapprochant de la place de l’Etoile apparaissent très neutres. La rupture d’échelle dans le bâti se situe à l’ angle du 33 rue Poncelet – rue des Renaudes avec un ensemble immobilier regroupant pour l’administration des Postes, bureaux et central téléphonique.(J.Dumont Arch.1975) .

L’ hommage rendu à cet architecte lors de sa réception à l’Académie d’Architecture en novembre 1976 laisse perplexe:« …l’immeuble des postes et télécommunications, à l’angle des rues Poncelet et des Renaudes dans le 17ème arrondissement de Paris illustre le sens des rapports, des proportions, ainsi que la perception aiguë des formes et des couleurs dont disposait naturellement Jean Dumont. » … »on peut apprécier avec quelle habileté Jean Dumont réussit à faire vibrer la façade, en fractionnant le volume principal, et en retrouvant un rythme vertical qui inscrit harmonieusement ce très volumineux bâtiment dans les perspectives urbaines ». Chacun pourra rectifier cette vision dithyrambique quant à l’inscription dans le site de cet ensemble après une visite .

A l’arrivée Place des Ternes: « La Cité Mondaine » (Boussard Arch.1882). Une cour centrale circulaire est implantée au centre de cet immeuble vers laquelle sont orientés les appartements. Une réalisation entre hygiénisme et rentabilisation de la façade sur la place traitée de façon volontairement  « prestigieuse ».

Place des Ternes et avenue des Ternes 1867

De la place des Ternes à la place de l’Etoile-Charles de Gaulle on rejoint un axe important depuis 1850.

Au 34 avenue Wagram l’ancien Logiluxe Parisien devenu le Céramic hôtel (J.Lavirotte Arch.1904).A l’origine, cette résidence hôtelière comportait en façade sur l’avenue, salle à manger, salon et petit salon; sur la cour centrale un office et une salle de bains commune aux 5 chambres implantées autour d’une seconde cour à l’arrière du terrain. La structure en béton pour ce bâtiment de 9m de large sur l’avenue est totalement masquée par une peau décorative en grès flammé et faïence émaillée réalisée par Alexandre Bigot. Ce bâtiment constitue un parfait exemple d’une réalisation d’Art Nouveau, même s’il n’atteint pas le niveau d’exubérance du 29 avenue Rapp par le même architecte,un brillant jeu de courbes avec les balcons décorés de glycines, les étages sont identiques mais l’expression en façade est travaillée différemment à chaque niveau. Lavirotte a été lauréat à trois reprises du concours des façades avec réserve toutefois du jury par rapport à ses « débordements » et à son style.

Lui faisant face, 37 avenue Wagram, l’hôtel Renaissance Wagram (Ch.de Portzamparc Arch.2003-2008), les courbes et contre courbes des parois vitrées forment un tressage permettant des vues panoramiques sur le paysage urbain comme un écho lointain au vis à vis de l’avenue.

Retour avenue des Ternes dont le tracé très ancien se poursuit vers le centre de Paris par la rue du Faubourg Saint-Honoré. Dans ce secteur à vocation commerciale et  au carrefour entre l’avenue des Ternes et l’avenue Niel : l’ancien Magasins Réunis s’affiche comme un autre manifeste en rupture avec l’uniformité de la ville haussmannienne (M.Oudin Arch.1912), ici la structure en béton est clairement mise en évidence.

Ces juxtaposions entre courants architecturaux successifs se retrouvent une dernière fois avant de rejoindre la place de l’Etoile via l’avenue Mac Mahon au n° 29 (G.Massa Arch.1902),  avec des lourdeurs décoratives très éclectiques en dépit des simplifications ultérieures réalisées en partie haute du 4é étage sous les combles.

Plus haut, dans l’avenue et à l’angle avec la rue du général Lanrezac, un traitement d’angle dynamique des années 30 termine cette balade à proximité de la place de l’Etoile-Charles de Gaulle.