Paris, balade architecturale de la Porte d’Ivry jusqu’à l’avenue des Gobelins.

A la suite de la révolution industrielle c’est à la Porte d’Ivry que s’installa la première usine automobile au monde. Située en périphérie de Paris et correctement desservie par le chemin de fer, ce qui était en 1874 encore la société de machines à bois Périn-Panhard, décide en 1891 de se lancer dans la production de voitures automobiles sous le nom de Panhard et Levassor, et d’équiper celles-ci d’un moteur Daimler.

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Initialement au 16 de l’avenue d’Ivry, les usines Panhard ont progressivement occupé un très vaste périmètre qui s’est étendu entre la rue Nationale et la rue Gandon à l’époque ou le 13é arrondissement était industriel et dont 40% des actifs étaient ouvriers.

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Après le rachat de Panhard par Citroën et l’adaptation de ces usines pour produire des 2 CV, la fermeture en 1967 s’accompagna du départ de 6.000 ouvriers. Lorsque en 1965 le Schéma Directeur de la Région Parisienne a fixé les orientations de développement de la région et incité financièrement les industriels à quitter Paris, l’opportunité foncière constituée par cet ensemble de terrains bien desservis a suscité beaucoup de convoitises. Au total dans le 13é, plus de 680.000 m² de surfaces industrielles feront ainsi l’objet d’opérations d’urbanisme modifiant le tissu urbain de cet arrondissement

« Tout dépend de la qualité de ces tours: il y en a de laides, il y en a de superbes.C’est un problème de réussite architecturale, non de principe et la hauteur doit être calculée en fonction du reste et non sur des bases préétablies partout ». ( G.Pompidou Octobre 1972).

Ici celles de J.Sebag (Arch.1975) de 100 m de haut, entre les n° 82 et 144 du boulevard Masséna, résument cruellement l’unique recherche économique: saturation et pauvreté formelle y compris dans le traitement des espaces publics, servent d’épouvantails pour les opposants à la densification en hauteur devenue pourtant nécessaire.

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Dans ce quartier ou l’urbanisme caricatural développé sur les terrains industriels est suffisamment connu, il faut regarder au delà de ce périmètre pour trouver des opérations diversifiées par leurs échelles traitant souvent leur intégration avec plus de respect .

11-19 avenue de la Porte d’Italie, immeuble de bureaux (Y.Lion Arch.1989-1993) dont la volumétrie est claire dès le premier regard en quittant le périphérique pour rentrer dans Paris par l’avenue d’Italie. En partie supérieure, des salles de réunions panoramiques, façades en revêtement de marbre blanc légèrement veiné

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Au carrefour du boulevard Masséna et de l’avenue d’Italie: bâtiment de bureaux avec un habillage en panneaux métalliques (Céria & Coupel Arch.1990).

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De l’autre coté de l’avenue d’Italie et lui faisant face, un programme d’habitations pour l’OPHLM de la Ville de Paris. Il constitue le dernier ouvrage réalisé par un architecte aux nombreuses références dans le 16é arrondissement qui ont marquées leur époque (J.Ginsberg Arch.1985), malheureusement ici on est loin des innovations et des recherches formelles des années 30.

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Plus loin une façade structurée permet de découvrir par un passage piétons l’îlot Gandon rénové.

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L’immeuble-villas « Cité des Arts » occupe désormais l’îlot Gandon à l’emplacement des usines Panhard (17 allée Marc Chagall et 42 rue Gandon). C’est en 1987 que la RIVP a organisé un concours pour une ré-interprétation des immeubles-villas superposés imaginés par Le Corbusier en 1922 ou chaque appartement est en réalité une maison avec jardin, l’ensemble donnant sur un square paysagé (J.Dubus & J-P.Lott Arch.1987-1991).

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Façades sur le parc Juan-Miro des 84 logements et 11 ateliers d’artistes en duplex.

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Une école est implantée face à cet ensemble d’habitations à l’angle de la rue Tagore et de l’avenue d’Italie ( J.Creuzot Arch.1952). Imaginée en 1932 elle reprend les influences hollandaises, comme beaucoup d’équipements scolaires parisiens de cette époque, avec une économie de moyens qui mettent en scène des volumes simples et clairement lisibles.

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Retour vers l’avenue d’Italie: au 121-127, la tour « Super-Italie » (M.Novarina Arch. 1970).

Pour le début de cette rénovation urbaine de l’avenue on ne peut que déplorer une absence de cohérence dans les traitements des façades et des espaces publics devant les deux immeubles voisins.

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Au loin, avec un accès par le Jardin du Moulin de la Pointe, on peut apercevoir la Tour « Chambord » du boulevard Kellermann (D.Mikol Arch.1970), une certaine pauvreté formelle que les balcons périphériques essayent de dissimuler.

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Au 158 avenue d’Italie, cette réalisation pour l’Habitat Social Français marque sa présence par une image forte. « Les Palmes d’Italie », 12 logements sur un terrain de moins de 8m de large. Le revêtement de façade utilise les carreaux de céramique cassés noir et blancs sur lesquels les balcons peints en vert se détachent (M.Bourdeau Arch.1987).

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A l’angle 152 Avenue d’Italie / 2-14 rue du Tage, « La forteresse assiégée » (Mazzucconi Arch. 1984). Ces 70 logements sociaux, « rupture dramatisée » de cette forteresse en ruine, seraient assiégés par « toutes les catastrophes qui menacent notre époque« . Concrètement: murs en moellons et tour semi-écroulée « agrémentée » de traitement des combles assez soignés dérogeant un peu à cette théâtralisation mise en valeur par l’angle des deux voies.

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Angle Avenue d’Italie et rue Bourgon, une autre polychromie avec cette façade en carrelages.

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Juste en face, un immeuble qui ne cherche pas les démonstrations métaphysiques, avec ses bow-windows insonorisés aux détails très soignés (J.Ripault Arch. 2007) dont les logements sont traversants et profonds.

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Un retour sur ses pas permet de découvrir le long du Jardin du Moulin de la Pointe ( accès par l’avenue d’Italie ou la rue du Tage) trois immeubles-plots d’habitations avec ateliers d’artistes formant un front ordonnancé pour ce parc urbain ( C.Furet Arch.1997). Les passages et cours avec les voies limitrophes permettent une transition fine entre les espaces publics et privés.

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D’autres typologies sont développées face au groupe scolaire de la Place des 44 enfants d’Izieu.

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La rue Bourgon comporte une rénovation d’îlot se retrouvant aussi plus loin rue du Moulin de la Pointe.

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La rue du Moulin de la Pointe remonte ensuite vers l’avenue d’Italie, ici une opération de rénovation urbaine avec de petits habitats reprenant le parcellaire initial.

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Au 37 rue Damesme ( HP Maillard Arch.1981), sur une parcelle étroite, une autre recherche sur des maisons superposées mais avec des emprunts plus « post-modernes » un peu anecdotiques

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Cette balade peut obliquer vers le quartier de la Butte aux Cailles ( voir Le Renard Parisien d’Octobre 2013).

Le retour vers l’avenue d’Italie permet de voir deux réalisations longeant l’avenue: au 83-87 la tour « Périscope » (M.Novarina Arch.1970) dont le retrait de l’alignement permet de dégager un espace confortable devant le centre commercial ,

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puis, en se dirigeant vers la Place d’Italie et avant le métro Tolbiac, un immeuble de logements sociaux réalisé dans les années 30 pour la fondation Cognac-Jay, en appareillage de briques assez soigné dans son exécution.

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Place d’Italie, et face à la Mairie du XIIIé arrondissement, l’architecte Kenzo Tange  a réalisé ce bâtiment en 1991 qui comportait à l’origine un complexe de salles de cinémas. Il constitue par ses dispositions une vitrine sur la Place d’Italie grâce à son atrium et un accès monumental vers le Centre Commercial « Italie Deux ».

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Au 73 avenue des Gobelins, la Fondation Jérome Seydoux-Pathé vient de s’installer récemment derrière la façade sculptée par Auguste Rodin, inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, dans ce qui fut en 1869 le Théâtre des Gobelins, music-hall dans les années 30 puis de 1960 jusqu’en 2003 le cinéma La Fauvette.

Cette fondation est consacrée sur 2.200m² au 7é art et à la présentation des archives cinématographiques Pathé.

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Sur une parcelle exiguë entourée d’immeubles, la coque de 5 étages est recouverte d’écailles en aluminium anodisé perforé. Ces écailles sont situées au dessus d’une verrière reposant sur 32 arcs asymétriques en mélèze lamellé-collé (Renzo Piano Design Workshop Arch.2006-2014).

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Le premier étage est consacré à une superbe collection de matériels cinématographiques et d’affiches des débuts du cinématographe. Les 2é et 3é étages abritent les archives cinématographiques Pathé, société fondée en 1896 soit deux ans après l’invention des frères Lumière.

Aux 4e et 5é, sont implantés les bureaux et les espaces du centre de recherche dont les archives sont consultables sur rendez-vous.

Au sous-sol, la salle de projection de 70 places permet de découvrir quotidiennement des chefs d’œuvres restaurés du cinéma muet des archives Pathé. Ces projections sont accompagnées au piano par un élève de la classe d’improvisation du Conservatoire National Supérieur de la Musique et de la Danse de Paris. http://www.fondation-jeromeseydoux-pathe.com/.

Le traitement intérieur associe le bois au métal de façon sobre dans le droit fil de l’écriture de RPDW.

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Cette balade peut se prolonger de l’autre coté de l’avenue des Gobelins (voir la balade « Vers la tour Croulebarbe et le château de la reine Blanche » de Novembre 2013).