La Fondation Louis Vuitton est une spectaculaire « folie » réalisé par Frank Gehry (assisté pour la réalisation par Studios Architecture). Le bâtiment est exceptionnel par de multiples aspects tant il place haut la compétition internationale en associant à de rares mécènes pour lesquels « le rêve n’a pas de prix » des architectes stars.
La Fondation est située à l’orée du bois de Boulogne en limite du Jardin d’ Acclimatation. Dans ce parc crée sous Napoléon III, un « Palais d’Hiver » avait été construit en 1851 puis reconstruit avec plus d’importance en 1890. Cette lointaine référence aux verrières revisitée par F Gehry, comportait sur 8.000 m² des serres, une galerie, un palmarium, des salles de conférences et des volières.
Le « vaisseau » de verre se déploie coté Nord face à la clairière du Jardin d’Acclimatation.
Les contraintes réglementaires liées à ce lieu particulier imposaient un étage unique mais sans limite de hauteur. Le jeu complexe des volumes, étudié d’abord sous forme de maquettes, s’est affranchi avec beaucoup d’habileté de cette contrainte. Le rez de chaussée a été dédoublé par la création d’un patio en rez de jardin avec un large escalier d’eau face à la cage de scène de l’auditorium.
Les maquettes d’études du projet, exposées temporairement dans la Fondation, permettent de suivre la progression des études architecturales.
La phase d’étude suivante a utilisé la maquette numérique BIM (Building Information Modeling).
En terme de performance technique la barre a aussi été placée très haute. Les études de conception des formes géométriques exceptionnelles tant pour les surfaces de « l’iceberg » que pour les 12 voiles courbes, nécessitent quelques développements complémentaires.
Une suite de modélisations décompose les différentes strates du bâtiment. La première met en évidence « l’iceberg » haut de 26 m.
Cette coque étanche enveloppe hermétiquement les espaces muséographiques et détermine les différentes facettes du bâtiment.
La superstructure de « l’iceberg » est constituée d’une coque en acier à laquelle s’ajoutent des poutres tridimensionnelles pour soutenir les différents niveaux. L’ensemble est organisé en 3 blocs et consolidé par des bielles.
L’intérieur de l’escalier secondaire permet d’admirer la puissance dans les assemblages des coques d’acier et leurs nervures intérieures.
Les surfaces plus ou moins gauches ont été revêtues d’une isolation recouverte d’une membrane d’étanchéité testée lors de la construction puis de panneaux en aluminium.
La deuxième modélisation met en évidence la multiplicité des facettes de l’habillage extérieur composé de plaques de Ductal (béton fibré ultra-performant du cimentier Lafarge). Elles sont toutes uniques (18.000) produites industriellement et façonnées sur mesure.
Ce projet est aussi une expérience unique de coordination dans l’exécution du chantier.
Il faut insister sur la parfaite exécution de ces plaques en Ductal et plus particulièrement à l’intersection des formes gauches, comme d’ailleurs pour l’ensemble des détails traités avec soin tant au niveau des études que lors de l’exécution par VINCI.
La troisième modélisation permet de mieux appéhender la verrière composée de 12 voiles de verre d’une surface de 13.500 m² qui comporte 3.600 panneaux tous uniques. Elle recouvre à la façon d’un parapluie l’ensemble du bâtiment et protège les espaces muséographiques des terrasses extérieures supérieures.
Les circulations extérieures se développent en terrasses successives et participent pleinement à l’expérience de la visite. C’est un extraordinaire parcours à ciel ouvert qui est offert en déambulant à travers les différents niveaux sous l’enchevêtrement improbable des verrières. Cette découverte architecturale s’enrichit de multiples points de vues jusqu’alors inusités vers les collines de Meudon, La Défense et Paris.
La charpente en bois et acier prend appui sur des poteaux inclinés tripodes, ancrés sur la structure et au travers de « l’iceberg ». Cette charpente est composée d’une résille en acier inox portant les panneaux de verre; la résille est supportée par des poutres en mélèze lamellé-collé.
La charpente se développe dans l’espace selon des courbes et en vrille afin d’épouser la forme des voiles.
Le hall d’accueil coté avenue du Mahatma Gandhi, à proximité la librairie.
L’accès coté Jardin d’Acclimatation à proximité du restaurant LE FRANK.
Circulation verticale desservant les salles d’expositions
Au niveau -1, l’auditorium et sa cage de scène face au bassin à escalier (oeuvres d’Ellsworth Kelly).
Toujours au niveau -1 mais en extérieur, l’installation monumentale « Inside The Horizon » d’Olafur Eliasson : kaléidoscope géant de 43 colonnes de formes triangulaires éclairées de l’intérieur.
Le patio en rez de jardin avec le large escalier d’eau face à la cage de scène de l’auditorium.
Le nouveau challenge de la fondation Louis Vuitton est maintenant de présenter des oeuvres au même niveau que cet exceptionnel contenant, le risque réel de la sélection étant de paraître mineure par rapport à cette réalisation .