Le point de départ de cette balade se situe en limite Sud du 13é dans la zone comprise entre le périphérique et la Porte d’Ivry autrefois occupée par les fortifications. Elle constitue le prolongement naturel de la balade architecturale consacrée à Ivry-sur-Seine ( voir parution Aout 2013).
Le parcours choisi vers la Place d’Italie n’est pas linéaire mais en zig-zag, il s’attache à mettre en valeur la grande diversité des objets architecturaux implantés dans cette partie du 13é au fur et à mesure des différentes opérations de rénovations urbaines entreprises ou lors de constructions par des Maitres d’ouvrages privés.
Au n°6 Place du docteur Yersin la résidence étudiante du CROUS, 54 logements avec à chaque étage une terrasse commune ( KOZ Arch.2011) est implantée en pignon de logements sociaux réalisés dans les années 50. D’autres opérations de densifications dans ce quartier vont être entreprises d’ici fin 2015, maison pour personnes âgées et logements sociaux.
A gauche de cette résidence pour étudiants l’avenue C.Regaud aboutit au boulevard Masséna. Au n° 37 la caserne de pompiers ( J.Willerval et P.Popovic Arch. 1973): son écriture architecturale forte constitue un signal lisible depuis le périphérique Sud. L’équipement regroupe l’état major, 550 chambrées, 150 logements pour les officiers, les services techniques des pompiers de Paris, piscine, gymnase,les ateliers de réparation et parkings. Cette mégastructure a permis de réduire les temps de trajets d’une partie du bâtiment à l’autre. La totalité de la parcelle est construite et les locaux centraux sont éclairés zénithalement par des lanterneaux traités de façon assez sculpturale.
L’entrée des bureaux de la caserne est située au n°16 avenue Boutroux.
La vision à l’angle de l’avenue Boutroux et de la rue Damesteter, permet de lire les différents éléments du programme. Les aires de stationnement des véhicules de secours sont implantés le long de la rue Damesteter face à un ensemble HBM des années 30.
La remontée du boulevard Masséna vers la Porte d’Ivry permet une vue d’ensemble.
Sur le boulevard Masséna et face à l’entrée des habitations de la caserne: au n°24bis la Villa Planeix (Le Corbusier et P.Jeanneret Arch.1927). La villa est implantée entre le boulevard et la tranchée de la « petite ceinture « . Au rez de chaussée deux ateliers et un garage, à l’entresol formant mezzanine avec les ateliers deux chambres et pièces de travail. Au premier étage l’appartement avec un séjour à double orientation et les deux chambres coté boulevard, dont l’une est éclairée latéralement par une avancée formant terrasse au 2é étage. Le 2éme étage reçoit le grand atelier de 4m de haut, éclairé par 2 sheds. La façade arrière visible à partir de la rue Barrault est percée de grandes baies, en partie désormais cachée par la végétation.
En poursuivant la remontée du boulevard Masséna vers la Porte d’Ivry, au n°4 du square Masséna l’agence P.Chemetov & B.Huidobro (1986). Au pavillon initial en meulière a été ajouté un volume indépendant en structure d’acier avec remplissage en vitrage et pavés de verre d’une grande simplicité formelle.
Au n°56-58 boulevard Masséna (H&R.Chevallier Arch.1952-1955), deux immeubles R+9 dont les éléments constitutifs (entourage des baies préfabriquées, traitement des cages d’escalier sont à rapprocher de la cité Maurice Thorez au centre-ville d’Ivry sur Seine construite par les mêmes architectes (1947-1953). Ici le parking aérien d’origine a été reporté en infrastructure lors de la densification de la parcelle et la construction de batiments en R+4 en périphérie, à l’alignement des rues Barrault et du Château des rentiers.
A la Porte d’Ivry, et à la pointe entre la rue Nationale et l’avenue d’Ivry, le bâtiment de l’usine Panhard pour les véhicules militaires construit en briques et meulières a été reconverti. Après une extension tant du coté du carrefour qu’en partie arrière au dessus de la « petite ceinture » construite en briques il abrite désormais les bureaux d’AREP ( Agence des gares: JM.Duthilleul et E.Tricaud Arch.2012).
Au carrefour à l’angle de l’avenue de la Porte d’Ivry et de la rue Emile Levassor le groupe scolaire est implanté sur un terrain triangulaire ( E.Crevel Arch. 1933-1937). Au centre l’école maternelle est encadrées symétriquement par les écoles primaires des filles et des garçons. L’expression est clairement moderniste, les façades sont en béton de gravillons lavés faisant exception à la tendance des bâtiments publics de la ville de Paris de l’époque utilisant la brique. Les dimensions des baies permettent un éclairage maximum.
La vue aérienne des années 60 permet une vue plus complète de ce groupe scolaire et met en évidence l’impact des usines Panhard dans le quartier.
Après avoir emprunté la rue Nationale on se dirige sur la droite dans la rue Regnault.
A l’angle rue Regnault et rue du Château-des-Rentiers, au n°86 un immeuble de bureaux ( J de Brauer Arch.1976). Les façades plissées verticalement intègrent une double peau de verre ventilée.
Plus bas au n°72 rue Regnault, un autre type de façades plissées, horizontales cette fois, pour le précédent siège de la SERETE ( J.de Brauer Arch.1971). Une vitrine du savoir faire pour les 25.000 m2 de bureaux paysagés de cette société d’ingénierie. Les fluides sont distribués en façade et en partie basse des allèges inclinées.
La rue Barrault aboutit à la Porte de Vitry. Avec l’arrivée du tramway ce carrefour a fait l’objet d’un réaménagement d’ensemble y compris avec le traitement du passage aérien de la « petite ceinture »enjambant le bas de la rue de Patay.
En remontant la rue de Patay au n°28, le collège Galilée (J.Kalisz Arch.1983-1986) dont la façade vitrée se décline aussi sur son autre élévation rue E.Oudiné.
Au carrefour suivant entre la rue de Patay et la rue du Dessous des Berges au n°27 un immeuble de bureaux ( A.Biro & J-J.Fernier Arch.1975) en cours de reconversion. Sur une parcelle très étroite une façade vitrée plissée en trois parties.
Plus haut au n°73 rue de Patay et à l’angle avec la rue Trolley de Prévaux: un ensemble d’habitations (PL .Faloci Arch.1997). Cette traversée piétonne rejoint via un escalier les rues Albert puis du Château-des-Rentiers.
A l’arrivée le long de la rue Albert au n°54 un ensemble d’ateliers d’artistes construits pour la RIVP et desservis entre les deux parties du bâtiment par des passerelles. Une des rares œuvres construites par le peintre Olivier Debré (1993).
Ces ateliers en façade Ouest font face à la voie intérieure d’un des premiers groupes d’HBM parisiens.
La rue Jean Fautrier relie les rue Albert et du Château-des-Rentiers. Elle dessert sur une parcelle très étroite les deux corps de batiments qui se font face et dont l’aspect linéaire est rompu par quatre redans formant cour ouverte de chaque coté de la voie (J.Rous Arch.1913 ).
Contre le pignon de cette cité ouvrière du 42-44 rue du Château-des-Rentiers et sur une parcelle exiguë issue de terrains maraichers : l’école du n° 38-40 reprend le principe de la cour ouverte pour accueillir les enfants (J-F.Jodry Arch.2002).
La rue du Château-des-Rentiers comporte deux ruelles piétonnes vers la rue Nationale et le quartier des Olympiades, ici le passage Bourgoin avec ses maisons individuelles.
On aperçoit au loin l’opération de rénovation urbaine des Olympiades entreprise dans les années 70 au dessus de la gare des marchandises de Paris-Gobelins.
Au n°73 de la rue du Château-des-Rentiers, le centre de réinsertion professionnelle « Relais des carrières » ( A.Gignoux Arch.1996). Sur l’emplacement de l’ancien centre d’accueil Nicolas Flammel, il associe sur une parcelle toute en profondeur un centre d’hébergement de 66 chambres à 3 lits, des ateliers de formation et des services communs pour la restauration et la détente.
A l’extrémité de la rue on descend la rue de Tolbiac en direction de la Seine. Plus loin à l’angle du n°66 rue du Dessous des Berges et rue Leredde: immeuble de bureaux (I.&G.Benoit-F.Mayer Arch.1969). Un des rares immeubles parisien en panneaux de fonte d’aluminium formant écailles et assemblés sur une structure béton.
On retraverse ensuite la rue de Tolbiac en direction de la place Jeanne d’Arc. A l’angle rue du Dessous des Berges et n°2-4 rue de Reims ( A.Biro & J-J.Fernier Arch.1963). Pour cet immeuble de 70 appartements avec chauffage électrique l’isolation extérieure a été particulièrement soignée et traitée ici par les panneaux de polyester de 7cm teintés dans la masse et doublés de polystyrène expansé pour éviter les ponts thermiques
Au n° 3-5 rue de Reims la résidence étudiante du CROUS construite par la RIVP abrite 41 studettes (L.Paillard & Antonini-Darmon Arch.2013), coté rue une façade en acier inox miroir, et un bardage ondulé coté cour.
Au n° 35 rue Domrémy une rare habitation individuelle construite en hauteur dans ce quartier de la Gare (V.Doray Arch.2010).
Face à cette maison individuelle et sur un terrain triangulaire donnant 36 rue de Domrémy et 3-9 rue Xaintrailles, la résidence Xaintrailles: 127 logements (R.Anger-M.Heymann-P.Puccinelli Arch.1962). Dans le droit fil des recherches de cette agence sur l’animation volumétrique et cinétique des façades pour des ensembles de logements. Le plan masse en T est en retrait du coté de la rue Xaintrailles, ce qui permet de dégager un espace important devant la résidence. Les façades coté loggias sont constituées d’éléments métalliques émaillés découpés en triangles et assemblés non jointifs, alors que les autres façades jouant dans l’opposition sont constituées de remplissages en panneaux de bois et vitrages. Traitement des abords extérieurs du bassin et de la sculpture par « L’Oeuf centre d’études ».
Après avoir traversé la Place Jeanne d’Arc coté chevet de l’église on rejoint encore une fois la rue du Château-des-Rentiers. Au n°106 et à l’angle avec la rue Jean Colly l’immeuble de logements ( Architecture Studio Arch.1986). Sur cette parcelle triangulaire de 120m2 une structure sur une trame poteaux-poutres carrée émerge en partie haute à la pointe. La façade coté J Colly avec le plan de métro du quartier en carrelage pour confirmer l’ attachement aux narrations du mouvement post-moderne. Les bonnes intentions dans le traitement des parties communes en rez de chaussée ont malheureusement mal vieillies. Par son aspect de signal singulier ce bâtiment émerge de façon positive des constructions environnantes qui en comparaison apparaissent d’une grande banalité.
En se dirigeant vers la rue des Hautes-Formes, au n°18 de la rue Sthrau un immeuble de logement (AUSIA Arch.1986) en briques dont la teinte est plus courante dans les Flandres qu’à Paris.
Face à ce bâtiment l’entrée de l’ensemble des 210 logements du n°3 rue des Hautes-Formes et 17 rue Baudricourt (Ch.de Portzampac et G.Benamo Arch.1975-1979). Initialement deux tours étaient prévues sur ce terrain aux contours très irréguliers, en limite Est de la fac de Tolbiac. Les architectes ont fragmenté le plan masse imaginé à l’origine en sept batiments de volumétries différentes réalisant un travail sur le vide qui est ainsi devenu un sujet déterminant du projet, exprimant une complexité urbaine un peu artificielle mais enrichissante par la variété des angles de vue ainsi développée.
Cette opération a déclenché une remise en cause de l’urbanisme et de l’architecture à Paris en remettant l’espace public avec ses places, ses rues et ses immeubles au cœur de la réflexion. A l’opposé du logement de masse répétitif il s’est agit de mettre en valeur des détails singuliers et une autre échelle de l’espace urbain, tout en raccommodant au moyen de petites opérations le tissu urbain assez bouleversé par les opérations de rénovations urbaines de la rue Nationale. En effet à proximité immédiate de la rue Nationale la rénovation urbaine des années 70 a été réalisée de façon peu attentive: destruction des immeubles anciens et remplacement par des barres le long de nouvelles voies qui ne ressemblaient plus à des rues mais à des voies en gommant l’esprit de la rue dont les commerces ont été exclus pour être rassemblés dans un centre commercial.
En sortant de la rue des Hautes Formes et à l’angle avec les rues de Tolbiac et Baudricourt est implantée l’Université de Paris-Tolbiac ( M.Andrault & P.Parat, N.Celnik Arch.1972. Si elle peut apparaitre en totale opposition avec l’opération des Hautes Formes elle constitue néanmoins une des réalisations les plus emblématiques de la fin des années 60 par la clarté du parti architectural: les circulations verticales sont regroupées autour du noyau central et traitées en béton brut. Elles se distinguent des tours revêtues de murs rideaux en verre fumé, ces dernières sont fractionnées pour créer des espaces extérieurs suspendus permettant aux étudiants de prendre l’air entre deux cours.
Le parc de Choisy est situé en face de l’Université de Tolbiac , il a été réalisé dans les années 30 sur les terrains d’une ancienne usine à gaz. A cet emplacement a été implanté la fondation G.Eastmann pour l’hygiène bucco-dentaire des enfants de ce quartier longtemps défavorisé (E.Crevel Arch.1937), fondation crée par le fondateur de Kodak.
Le bâtiment revêtu de briques rouge et son pavillon central avec colonnade est entouré de deux ailes en retour d’un rationalisme classique et monumentalisé par un large perron ainsi que des baies en double hauteur à l’entourage de cuivre vert de gris, avec une corniche. Cette construction rappelle l’influence des architectes hollandais sur les batiments publics parisiens des années 30. Coté jardin il reçoit en façade 2 médaillons allégoriques de C.Sarrabezolles dont l’un représente l’Amérique offrant l’institution à la France. Ce « style municipal » se retrouve dans plusieurs constructions scolaires notamment sur les boulevards de ceinture, et dans d’autres édifices publics.
Durant la dernière guerre ce bâtiment a abrité un hôpital militaire allemand, puis à la Libération un centre officiel de répression de la collaboration. Il regroupe actuellement un centre bucco-dentaire et deux laboratoires techniques de la Ville de Paris.
En quittant le Parc de Choisy en direction de la Place d’Italie on découvre alors sur l’ilot dit « des Deux Moulins » le pignon du n°168-180 de l’avenue de Choisy ( A.Asher, D.Mikol, G.Brown-Sarda Arch.1970). Façades mixtes de voiles béton brut et remplissages en panneaux métalliques. En rez de chaussée le bâtiment laisse passer entre les commerces l’avenue Edison reliant l’avenue de Choisy à la rue Albert Bayet.
L’arrivée sur la Place d’Italie se fait latéralement au bâtiment Grand Écran construit à l’emplacement de la Tour Apogée prévue initialement sur une hauteur de 180m de haut et annulée par Giscard d’Estaing en 1975.
L’architecte Kenzo Tange (associé à Macary & Menu) a réalisé ce bâtiment en 1991.Il comportait à l’origine des salles de cinémas, il constitue par ses dispositions à la fois une vitrine sur la Place d’Italie grâce à son atrium et un accès monumental vers le Centre Commercial Italie 2.
Cette balade peut se prolonger vers les Gobelins ( voir la balade « vers la tour Croulebarbe et le « château de la reine Blanche » de Novembre 2013).